Présidentielles 2016 au Congo-Brazzaville : Denis Sassou Nguesso a conçu sa stratégie pour dribbler l’opposition et la société civile

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A près de 480 jours des élections présidentielles de 2016, tous les congolais qui aspirent au respect des lois de la République et à l’alternance démocratique, doivent refuser d’être manipulés béatement par un système politique qui ne fait qu’assouvir les intérêts personnels et égoïstes du clan d’Oyo.

Pour la majorité des congolais qui veulent tourner la page du règne sans partage de Sassou Nguesso, l’on se demande si ce dernier souhaite réellement l’organisation des élections apaisées et démocratiques au Congo en juillet 2016. Pour le commun des congolais, la constitution de 2002 a été taillée sur mesure pour Denis Sassou Nguesso. Alors, pourquoi vouloir organiser des consultations des forces vives du pays à la fin de son 2è et ultime mandat ? Cela n’a aucun intérêt et laisse présager l’idée de diversion pour continuer à s’arc-bouter au pouvoir.

Les congolais ont compris et en ont cure des méthodes staliniennes qu’ils subissent de la part de Denis Sassou Nguesso et son clan.

Les stratégies d’abrutissement des Congolais par Sassou Nguesso

dlgation20du20mcddi20au20palais20du20peuple-9784021Sassou Nguesso, avant et après le coup d’état qui l’a ramené au pouvoir au Congo-Brazzaville, a toujours eu recours aux mécanismes d’abrutissement et de « nguirisation » du peuple congolais en vue de le désorganiser et l’affaiblir afin de conserver, peu importe les méthodes, le pouvoir.

Pour continuer à demeurer dans sa logique machiavélique de conservation du pouvoir et enfumer une fois de plus les Congolais, dans un communiqué de la Présidence publié à Brazzaville, Sassou Nguesso va entreprendre une série de consultations sur « la vie de la Nation et de l’Etat » à compter du 20/05/2015 avec les dirigeants des partis politiques, des acteurs des organisations de la société civile, des responsables des confessions religieuses, des dirigeants de certaines institutions constitutionnelles et des personnalités.

Quel est l’intérêt des présentes consultations voulues par Denis Sassou Nguesso ? Normalement, au Congo-Brazzaville, les élections présidentielles devraient se tenir au mois de juillet 2016. Les concertations d’Ewo et de Dolisie avaient exigé que le gouvernement puisse publier un chronogramme des élections à venir, procéder au toilettage de la liste électorale et revoir le découpage des circonscriptions électorales qui serait conforme au ratio en vigueur dans les grandes démocraties.

Mais ni l’organisation pratique des élections, ni le toilettage de la liste électorale ne semblent préoccuper Sassou Nguesso et son gouvernement.

Curieusement, Denis Sassou Nguesso et les barons du PCT acquis à sa cause sont déjà en campagne un peu partout dans le pays pour exiger un referendum qui entraînera le changement de constitution.

Il faut être un divin pour parier sur la date de l’organisation des élections présidentielles en 2016. La stratégie de Sassou Nguesso de vouloir faire un passage en force en organisant un referendum sur le changement de constitution vise en réalité de faire sauter tous les verrous pour qu’il soit candidat à sa propre succession. De toute évidence, Denis Sassou Nguesso veut coûte que coûte changer la Constitution pour rester au pouvoir à vie tout en caressant le rêve de le léguer en héritage à son fils Denis Christel Sassou Nguesso. Il l’a dit lui-même et répété à maintes reprises, y compris dans les médias nationaux et internationaux. Or, pour le peuple congolais qui aspire au changement, la seule question qui vaille c’est le respect scrupuleux de la Constitution pour une alternance démocratique en 2016.

Les Congolais avertis ont compris que Denis Sassou Nguesso entretient volontairement l’ambiguïté. Tant il existe encore d’embûches et d’incertitudes sur le chemin qui conduit à l’organisation de ces élections qui devraient se tenir en juillet 2016 au plus tard pour tenir dans le délai légal.

Le Refus massif et catégorique des Congolais aux dribbles de Sassou Nguesso

membres20du20frocad201-4932164Ayant compris le subterfuge de Denis Sassou Nguesso, le FROCAD refuse de cautionner le schéma extra-constitutionnel de Sassou Nguesso. Le FROCAD pense que la constitution donne le moyen à Denis Sassou Nguesso de communiquer devant le parlement réuni en Congrès, s’il estime que l’Etat ne fonctionne pas bien. La constitution lui donne également le moyen de réviser par la combinaison des articles 86 et 187. S’il estime que jusqu’à présent les élections ont été truquées, les concertations d’Ewo et de Dolisie lui donnent des pistes pour créer les conditions d’une négociation inclusive sur les questions électorales (gouvernance électorale).

Sassou Nguesso veut-il dribbler l’opposition et l’ensemble des forces vives qui aspirent à l’alternance démocratique au Congo avec l’organisation prochain d’une concertation avec les acteurs politiques et sociales ? Quelles sont les motivations réelles de l’organisation de cette rencontre dont les bases ne sont pas fixées ? Qui seront les acteurs politiques et sociaux invités à cette consultation ?

Voilà autant de questions non élucidées qui remettent en cause l’organisation de la consultation entre Denis Sassou Nguesso et les forces vives de la Nation. Une consultation dont les réelles motivations ne sont pas bien clarifiées plus que le Congo est en paix. Sinon un vague aperçu pour Denis Sassou Nguesso de « nguiriser » tous ceux qui font la politique pour leur ventre et intérêt égoïste, personnel. Du coup, l’on se demande à quel jeu joue Sassou Nguesso en entretenant le flou sur cette consultation. D’ailleurs cette convocation par voie de communiqué de son Directeur de cabinet fut-ce-t-il Ministre d’Etat manque de sérieux et accuse l’état d’esprit qui manque profondément du respect au peuple congolais, manque de considération pour l’opposition de son pays. Cette convocation aurait pu faire l’objet d’une annonce solennelle, faite par lui-même.

Mais qu’à cela ne tient, les congolais comprennent sans difficulté aucune le sérieux de l’agitation que Sassou Nguesso a lui-même suscité dans le pays. C’est dommage. C’est une démarche qui consiste à humilier les opposants en premier et l’ensemble des congolais pour assouvir les intérêts personnels et familiaux d’un dictateur.

Pour l’heure, cette consultation semble vouée à un échec. Du fait d’abord de sa convocation en ne laissant aux invités aucune marge de concertation et aussi à cause du népotisme qui a caractérisé la sélection de ceux devant y participer.

D’autant plus que  les conditions posées par le FROCAD et les autres partis de l’opposition pour la bonne tenue du dialogue inclusif semblent ne pas avoir été esquissées par le communiqué de la Présidence de la république.

D’abord, Sassou Nguesso, dans son communiqué, est resté vague dans le contenu des sujets à aborder et ceux qui porteront la voix du gouvernement au cours de cette consultation.

Quoi qu’il en soit, la présente consultation n’est qu’une formalité d’usage pour que Sassou Nguesso se fasse bonne impression devant l’opinion nationale et internationale qu’il est un « homme de dialogue » et que le changement de la constitution est un choix des congolais.

L’opposition et la société civile doivent être vigilantes face aux manœuvres dilatoires de Sassou Nguesso. Au risque de courber l’échine face ce pouvoir qui veut s’éterniser au pouvoir en méprisant les lois de la république, l’opposition doit continuer à mobiliser les congolais sur le terrain, à l’instar du meeting de Pointe-Noire.  Malgré les entraves, l’opposition doit occuper le terrain politique et communiquer massivement pour se faire comprendre par le peuple et barrer définitivement la route aux manœuvres de Denis Sassou Nguesso qui pourrait bien passer outre ce qui se passe et convoquer un corps électoral dont il sait qu’il est, ou son candidat, seraient gagnant d’avance.

Les Congolais doivent faire comprendre à Denis Sassou Nguesso qu’ils ne sont pas des Bisounours. Aussi, ils refusent de cautionner la pensée établie par les armes, la corruption et toutes formes d’indimidation par le boboïsme ambiant au Congo-Brazzaville, refuge de ceux qui se conforment à la doxa voulue par Sassou Nguesso et le clan d’Oyo.

Chris ABELA

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Source La Lettre du Continent du 20 mai 2015