Quand Okombi, Munari, Ntumi, etc. bousculent l’agenda de la Présidence du Congo

La 71ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies se tient à New-York, depuis le 20 septembre 2016. Les questions de lutte contre les changements climatiques, de paix et de sécurité dans le monde figurent parmi les sujets majeurs qui sont évoqués au niveau de cette grande tribune internationale, où se tisse le destin de l’humanité. Une fois de plus, la recherche des solutions aux problèmes qui minent l’équilibre de la planète est au centre des préoccupations des chefs d’Etat qui interviennent du haut de la tribune des Nations unies. Cependant M. Sassou s’est fait représenter à la dernière minute.

Que s’est-il passé réellement?

Les dispositions protocolaires avaient été déjà prises pour le décollage de l’avion présidentiel le dimanche 18 septembre 2016 à 12 heures.
Plusieurs actes ont concouru pour que M. Sassou modifie son agenda :

Acte 1 : Plusieurs médias occidentaux ont sali copieusement M. Sassou en l’accusant d’inspirer la fraude électorale et les coups d’Etat. Avec ces critiques, il faut être un toxicomane pour avoir le courage d’aller lire un discours du haut de la tribune des Nations unies !

Acte 2 : L’épée de Damoclès suspendue sur la tête de Guy Brice Parfait Kolélas qu’on voudrait disqualifier des échéances électorales sous prétexte qu’il serait impliqué dans les évènements douloureux que le Congo connaît depuis le référendum jusqu’à ce jour, l’épée semblait se tourner contre son commanditaire.

Selon nos sources, le pouvoir serait en train de préparer un procès sur l’affaire du 4 avril ou Ntumi devrait être condamné par contumace tandis que Guy Brice Parfait Kolélas, de son côté, devrait l’être avec sursis, pour complicité et atteinte à la sûreté intérieure. A la dernière minute, le pourvoir aurait hésité à mettre ce plan en marche visant à pousser Kolélas à commettre le maximum d’erreurs possibles qui le mettraient dos à dos avec le peuple en général et sa base en particulier.

Acte 3 : Les bruits de bottes perçus par le biais de la recrudescence des violences et de la confusion entretenue dans le département du Pool présageaient des remous sociopolitique à Brazzaville et à Pointe – Noire.

Acte 4 : Le rapport de Massengo Tiassé sur les douloureux évènements du 4 avril 2016, qui avaient fait plusieurs victimes ont bousculé l’agenda de Denis Sassou – N’Guesso.

Acte 5 : La douche froide reçue par les précurseurs de M.Sassou aux USA, qui ont croisé le fer avec les ONG des droits de l’homme et les femmes des prisonniers politiques.

Acte 6 : Les Makoua et Cie sont mécontents de l’emprisonnement de Mokoko par le pouvoir Sassou ainsi André Okombi Salissa (retranché quelque part, à moins d’être séquestré par les tortionnaires du régime) aurait décidé de sortir de sa cachette pour affronter son compagnon Sassou N’Guesso et s’occuper de l’Initiative pour la Démocratie du Congo (IDC).

Acte 7

: Le réquisitoire musclé de Claudine Munari dans lequel, elle déclare la fin du mandat de Denis Sassou-N’Guesso et de son clan qu’elle traite de tous les maux, n’a-t-il pas impacté la volonté de M. Sassou à se rendre à New-York ?

Claudine Munari s’est déclarée prête à livrer le combat, avec les leaders politiques qui partagent sa vision:

«J’engage les responsables politiques à mesurer le prix qu’ils sont prêts à payer pour libérer le Congo ». Mieux qu’un simple appel, cet engagement, qui doit être bien intériorisé, ne devrait-il pas réveiller, un peu, les leaders du FROCAD, pour avoir trop dormi sur leurs lauriers ces derniers temps? Cet engagement fait partie des messages forts consignés dans la déclaration rendue publique, le samedi 17 septembre 2016 à Brazzaville, par la présidente du FROCAD. Ainsi, sont vivement interpellés «toute l’opposition dans son ensemble et tous les Congolais. Bref, Tous ceux qui mesurent le prix qu’ils sont prêts à payer pour libérer notre pays et gagner le combat de la libération».

Il est rappelé, dans ce texte, que «le Congo, depuis le 15 août 2016, est dirigé par une organisation criminelle. Le Congo est occupé. Les pouvoirs de l’Etat sont usurpés. La constitution du 20 janvier 2002 a été abrogée par la force à travers le référendum anticonstitutionnel du 25 octobre dernier». Pour le FROCAD, «toutes les institutions qui puisent leur légitimité à partir de la constitution du 6 novembre 2015 sont nulles et de nul effet, y compris la présidence de la République incarnée par Denis Sassou-N’Guesso, déclaré vainqueur à la suite d’un hold-up électoral».

Chasser l’occupant et gagner le combat de la libération

«Jusqu’au 15 août 2016, selon Mme Claudine Munari, ceux qui ont usurpé les pouvoirs de l’Etat sont hostiles à tout dialogue. Ils se sont enfermés dans la logique qui privilégie la force des armes. L’avenir de notre pays s’est inscrit dans un combat, sans merci, contre le crime organisé. Ce combat, qui commence ici et maintenant, nous le poursuivrons jusqu’à la libération totale du territoire national».

Et Mme Munari de préciser: «Toutes les personnes désireuses de participer au ‘’plan d’action pour la libération du Congo’’ seront les bienvenues. Elles doivent être donc disponibles et prêtes pour se placer en première ligne, pendant toutes les actions à mener. Ce combat devrait être gagné par tous les moyens nécessaires, comme l’indique la résolution 678 du Conseil de sécurité des Nations Unies». Sauf changement de dernière heure, Il était prévu que ce plan d’action pour la libération du Congo allait être soumis à la coordination du FROCAD. La présidente Munari a conclu, en paraphrasant le président Churchill, qui, suite au déferlement nazi en Europe occidentale, avait dit : «Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur».

Acte 8 : Préoccupé par la situation sécuritaire qui prévaut dans la sous-région de l’Afrique centrale et sollicité, de part et d’autre, par ses voisins en difficulté, M.Sassou a décidé de ne pas se rendre à New-York. Le contexte politique, dans le voisinage de la République du Congo, est marqué par des troubles préélectoraux en République démocratique du Congo (RDC) et des violences postélectorales au Gabon. Dans les deux pays, des manifestations d’opposants se sont soldées par des morts.

En République démocratique du Congo, les évènements sont survenus le 19 et le 20 septembre 2016. C’est-à-dire quelques heures seulement après ce qui aurait pu être la date de départ, pour les Etats-Unis, M.Sassou. Au Gabon, chacun vit dans la crainte d’une situation chaotique. Jean Ping a qualifié d' »inique » et de « terrorisme démocratique » la décision de la Cour constitutionnelle du Gabon de valider la réélection d’Ali Bongo à la présidence.

Bref, M.Sassou a préféré suivre la situation de la sous-région, déjà en proie à des secousses de tous genres, engendrées par des conflits pré ou postélectoraux, comme en RDC et au Gabon, ainsi que son souci de prévenir des résurgences des crises plus profondes, comme en République Centrafricaine.

Les crises récentes qui secouent plusieurs pays de la sous-région de l’Afrique centrale donnent du tournis a M.Sassou. Et, que dire de la détermination de la présidente du FROCAD, Claudine Munari, de fédérer toutes les forces vives de l’opposition aux fins de combattre, coûte que coûte, le pouvoir de Brazzaville, jusqu’à la victoire finale. Il en est de même pour le grand silence qui entoure le lieu où se trouverait Okombi Salissa. Ce dernier serait-il entre les mains de ses ennemis politiques, comme l’affirment certaines rumeurs?

Ghys Fortune DOMBE BEMBA