Des rebelles soutenus par le Rwanda ont annoncé avoir pris le contrôle de Goma, une ville stratégique de l’est de la République Démocratique du Congo, qui regorge de richesses minérales encore largement inexploitées. Cette situation marque une intensification significative d’un des conflits les plus longs d’Afrique, menaçant d’aggraver une crise humanitaire déjà alarmante.
Des responsables de l’ONU ont signalé des corps dans les rues, des pillages généralisés, ainsi que des coupures d’électricité, d’eau et d’accès à Internet. Plus de 2 millions de civils vivant à Goma, dont un million déjà déplacés par la violence, sont exposés à des conséquences humanitaires catastrophiques, selon des organisations d’aide.
Les rebelles et leurs objectifs
Le groupe M23 fait partie d’une centaine de factions armées qui cherchent à s’imposer dans l’est du pays, où un conflit de plusieurs décennies perdure. Composé principalement de Tutsis qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans l’armée congolaise, le M23 avait mené une insurrection infructueuse contre le gouvernement congolais en 2012, avant de disparaître pendant une décennie, pour réapparaître en 2022.
Entre 1996 et 2003, cette région a été le théâtre d’un conflit prolongé, souvent qualifié de « guerre mondiale de l’Afrique », où des groupes armés se battaient pour l’accès à des métaux et minéraux rares. Ce conflit a causé la mort de jusqu’à 6 millions de personnes. Les tensions entre Hutus et Tutsis, exacerbées par le génocide de 1994 au Rwanda, continuent d’affecter la situation en RDC.
Le M23 prétend défendre les Tutsis et les Congolais d’origine rwandaise contre la discrimination, mais certains critiques estiment qu’il s’agit d’un prétexte pour le Rwanda d’exercer une influence économique et politique sur l’est du Congo.
L’importance stratégique de l’est du Congo
Avec la dépendance croissante du monde vis-à-vis des métaux et minéraux rares congolais pour la production d’électronique, les enjeux sont considérables. Des pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda, ainsi que des puissances comme la Chine et les États-Unis, ont des intérêts financiers dans les mines congolaises.
La majorité des ressources minérales de la RDC, évaluées à 24 trillions de dollars, restent inexploitées. Malgré cette richesse, 60 % des 100 millions d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, et les conflits autour des ressources naturelles ont déstabilisé le pays.
La situation des civils et l’impact de la violence
Actuellement, environ 4 millions de personnes sont déplacées dans l’est du Congo, et l’escalade des offensives des rebelles a poussé des centaines de milliers d’autres à fuir leurs foyers. Des milliers de personnes cherchant refuge dans des camps aux abords de Goma se sont retrouvées piégées par la violence alors que les lignes de front se déplaçaient.
Les infrastructures de transport sont paralysées, rendant difficile l’acheminement de l’aide humanitaire. Les hôpitaux sont débordés, et le principal hôpital de Goma, géré par le Comité international de la Croix-Rouge, est à pleine capacité, avec des tentes installées pour accueillir les blessés. Certains civils, désespérés, ont traversé la frontière vers le Rwanda pour échapper aux combats, et plus de 1 000 Congolais ont été enregistrés depuis le début de la crise.
Pour en savoir plus sur la situation en République Démocratique du Congo, vous pouvez consulter le site de l’ONU.
Source : www.africanews.com