moukoueke-1-300x200-8737502 Ramassage des armes de guerre : Enfin une lueur d’espoir dans le Pool?

Par : Cyr Armel YABBAT-NGO

La Commission ad-hoc mixte paritaire a annoncé le 20 mars dernier, lors de la cérémonie de lancement de ses activités de terrain à Kinkala, chef-lieu du département du Pool, le démarrage programmé pour le 5 avril prochain, de l’opération de ramassage et de rachat des armes détenues par les ninjas-nsiloulous du pasteur Ntumi. La collecte sera organisée sur quatorze sites disséminés dans le département.

La commission ad hoc espère contribuer à la consolidation du processus de paix et de normalisation dans le département du Pool, pour le bénéfice de tout le pays. Une lueur d’espoir est-elle permise pour une paix véritable dans le Pool? En vertu des accords de paix signés le 23 décembre 2017, le pasteur Ntumi s’était engagé à «faciliter le ramassage des armes détenues par les ex-combattants», et le Gouvernement à garantir «le processus de démobilisation, de réinsertion professionnelle, sociale et économique des ex-combattants après le ramassage des armes». Cette activité sera concentrée dans les zones où les besoins de réinsertion et de ramassage des armes restent importants, notamment les districts de Mindouli, Kindamba, Vindza, Kimba, Goma Tsé-Tsé, Mbandza Ndounga, Kinkala, etc. Par cette opération, la commission espère contribuer à la consolidation du processus de la paix et de normalisation dans le département du Pool, pour le bénéfice du pays. Cet appui ne devrait pas être considéré comme une récompense aux ex-combattants, mais plutôt comme un mécanisme de protection de la société civile et de consolidation de la paix, en assurant la réinsertion économique des ex-combattants chômeurs, et en priorité de ceux qui détiennent les armes et qui les remettent volontairement. C’est donc d’arrache-pied que la commission travaille. Il lui faudra obtenir la confiance des jeunes ex-combattants qui sont répartis dans les forêts du Pool, après le 4 avril 2016, alors qu’ils en étaient sortis après les accords de 2003. Si le Congo-Brazzaville continue de connaître des troubles armés, c’est que des armes circulent encore dans le pays et que d’anciens miliciens des guerres passées n’ont toujours pas été tous réinsérés dans la vie socio-économique. C’est un des aspects de la crise actuelle dans le Pool. Les multiples programmes de réinsertion initiés par le passé ont connu des ruptures, en raison du manque de financement, à commencer par celui exécuté par le Comité de suivi des accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités de 1998-98, puis par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), depuis 2000, et enfin par le Haut-commissariat à la réinsertion des ex-combattants. Dans un pays où les cycles de violences ont tendance à se perpétuer, le ramassage des armes est une priorité absolue car, sans la sécurité, tout le reste n’est pas possible. La Commission ad hoc s’attelle à mettre en œuvre le premier point de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités du 23 décembre 2017. Il a été retenu que pour le succès de cette action, il était essentiel de recenser et d’identifier en amont les ex-combattants, afin d’éviter toute intrusion. Par le passé, des gens se sont enrichis derrière les ex-combattants. C’était un vrai business : des faux ninjas étaient créés pour percevoir les 3 millions de francs promis. L’histoire se répétera-t-elle? La commission devra y veiller. La collecte des armes et éventuellement leur destruction constitueront l’aspect le plus visible de son travail. Pour symboliser sa volonté inébranlable de tourner le dos aux violences armées, le Congo avait organisé, le 17 avril 2001, la «Flamme de la paix»: une immense pyramide de 800 armes légères mises à feu. Cet événement, qui marqua la clôture du Dialogue national sans exclusive, était sans précédent au Congo. Le 28 juin 2001, à Dolisie, devait aussi avoir lieu une cérémonie similaire de destruction par le feu des armes ramassées dans les départements du Niari, de la Lékoumou et de la Bouenza. Tous ces actes de bonne volonté n’auront servi à rien, puisque le pays a de nouveau replongé dans la violence en avril 2016. Ce qui justifie, d’ailleurs, la mise en place de cette commission ad hoc mixte paritaire, en vue de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités dans le département du Pool, du 23 décembre 2017. Pour mieux soutenir les ex-ninjas dans leurs efforts de réinsertion dans la vie civile, pour restaurer la paix et reconstruire une vie normale qui soit économiquement et socialement durable.

A ce niveau, le rôle du Haut-commissariat à la réinsertion sociale des ex-combattants sera très déterminant.