Le recensement administratif spécial suit son cours, pour aboutir à la constitution du corps électoral devant participer aux élections locales à venir.
Depuis le début du mois de mars 2014, cette opération est à la phase de vérification des noms sur les listes provisoires affichées dans les quartiers, les villages, les sous-préfectures, les préfectures et les mairies, sous la coordination des Coloras (Commissions locales du recensement administratif spécial 2013). Cette opération de vérification va durer jusqu’à la fin de ce mois de mars et concerne les personnes ayant été recensées.
Seulement, le constat dressé à Brazzaville est le manque d’engouement de la part des populations et l’indifférence des partis politiques à mobiliser leurs militants et sympathisants.
En dépit de la polémique engendrée par les déclarations de certains partis de l’opposition, il y a lieu de constater que le recensement administratif spécial pour la constitution des listes électorales suit son cours. Cette opération compte plusieurs étapes. Il y a eu, dans un premier temps, l’identification des habitations par des équipes composées des délégués des différentes composantes (Administration, majorité, opposition, centre et société civile), suivie d’une étape de dénombrement qui a pris beaucoup de temps. Selon l’arrêté n°8988 du ministre de l’intérieur et de la décentralisation, publié le 4 juillet 2013, le déroulement du recensement administratif spécial était fixé du mardi 23 juillet au mardi 15 octobre 2013, sur toute l’étendue du territoire national et concernait les citoyens de nationalité congolaise âgés de 18 ans et plus. Mais, ce déroulement a connu des prolongations, en raison, parfois, de sourdes grèves des agents recenseurs.
Les données collectées ont été saisies par l’équipe informatique, pour sortir les listes provisoires, qui ont été soumises à un travail de contrôle de conformité. Ce sont ces listes provisoires qui sont, aujourd’hui, affichées, pour être soumises à l’approbation des populations.
A Brazzaville, par exemple, ces listes sont affichées dans les commissariats de police, les domiciles des chefs de quartier et des chefs de zone, pour permettre aux populations d’y accéder facilement. Ces sites sont dirigés par les membres des commissions locales, éclatées par quartier. Chaque membre d’une commission locale représente un quartier et à ce niveau, il y a des contrôleurs principaux qui coordonnent les sites dans les quartiers. Dans chaque site, il y a un contrôleur de zone et cinq agents de recensement représentant chaque composante (Administration, majorité, opposition, centre et société civile). Les bureaux de réclamation installés dans chaque quartier sont à pied d’œuvre, pour enregistrer les réclamations.
C’est ici le lieu de dire que les partis politiques et les institutions militant pour une bonne organisation des élections doivent appeler et encourager les citoyens en âge de voter à vérifier leurs noms et à faire des réclamations. Par ailleurs, c’est aussi l’étape où les listes doivent être débarrassées des noms fantômes, des noms des citoyens décédés, etc.
Malheureusement, on constate qu’il n’y a pas d’engouement. Certains citoyens disent qu’ils sont désorientés, car ils ont l’habitude de voir l’affichage des listes dans les mairies d’arrondissements et non dans les commissariats de police ou chez les chefs de quartier. D’autres avancent carrément qu’ils ne sont pas au courant de l’affichage des listes. Il faut dire que la «sous-commission sensibilisation et communication» du comité technique du R.a.s (Recensement administratif spécial) n’a pas, jusque-là, organisé une bonne campagne de sensibilisation des citoyens sur cette phase précise de vérification des noms.
En dehors de cela, il y a lieu de déplorer le caractère trop petit d’impression des listes.
Il faut vraiment avoir des lunettes de lecture pour trouver son nom.
Enfin, la coordination nationale du R.a.s, elle-même, n’accompagne pas comme il se doit cette phase pourtant cruciale du recensement, pour la constitution des listes électorales. Depuis que certains partis de l’opposition républicaine ont suspendu leur participation à cette instance, celle-ci semble plombée, alors qu’elle devrait exercer un leadership pédagogique, pour encourager les citoyens congolais à vérifier leurs noms sur les listes. A cette allure, il faut craindre que la guerre des chiffres qui commence à faire rage, avec les contestations de certains partis d’opposition, ne prenne une ampleur de nature à discréditer l’organisation des élections.
Pascal Azad DOKO
Source La Semaine Africaine, Publié le vendredi 14 mars 2014