Reconnaissance ou courtoisie internationale au pouvoir sauvage de Brazzaville ?

bemba-sassou-300x210-9074505 En soumettant la RDC a leur volonté cela faire sans doute bouger les lignes tout particulièrement au Congo-Brazzaville.

Note de DAC E NEWS :

Le retour fracassant de Jean Pierre BEMBA en RDC pousse certaines langues  à faire des comparaisons injustifiées. Certes il ne fait aucun doute là-dessus  que le retour sur la scène politique RDCienne  est l’œuvre de certaines puissances étrangères qui veulent à tout prix garder la main sur la RDC. Ils ne s’accommodent d’aucuns principes pour le faire savoir. Les américains, les belges et les français …ont peut-être enfin décidés de remodeler le paysage politique  des pays d’Afrique centrale. Pour cela ils savent très bien comment s’y prendre. En soumettant la RDC à leur volonté, cela faire sans doute bouger les lignes tout particulièrement au Congo-Brazzaville. Mais les comparaisons s’arrêtent là.  Jean-Pierre BEMBA n’est pas SASSOU NGUESSO. Le premier a compris la leçon pour avoir subi la justice de ces puissances étrangères et ne s’hasardera plus à opter pour un chemin contraire que ce qui lui a été dicté. Or chez nous,  SASSOU NGUESSO a souvent offensé ses maitres, il a choisi une politique qui met à mal toutes ses alliées étrangères. Son départ est presque acté il ne resta qu’a lui trouver un remplaçant docile et serviable à merci. Le nom d’OKOMBI SALISSA revient souvent dans les discussions que j’ai participé.  C’est une donne étonnante, car la volonté populaire voudrait que ça soit MOKOKO, malheureusement ce n’est pas la rue qui décide dans nos contrées. MOKOKO est exit dans tous les scénarios concoctés à l’extérieur, malgré un carnet d’adresse remarquable. Reste MAKAYA ou OKOMBI ou encore un autre oiseau qui sortira du chapeau des maîtres du monde.

Attendons de voir…..

Cette problématique avait été déjà abordé par l’un des animateurs les plus assidus de Dac e news, Felix BANKOUNDA MPELE. Je remets en ligne cet article publié en août 2016

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Reconnaissance ou courtoisie internationale au pouvoir sauvage de Brazzaville ?

  • PAR FELIX BANKOUNDA MPELE

Une certaine fièvre diplomatique à Brazzaville, en ce mois d’août, a été le prétexte des spéculations par les thuriféraires du pouvoir congolais, pour tenter de redorer l’image très ternie de celui-ci, depuis le référendum anti-constitutionnel d’octobre 2015 et les élections présidentielles opaques, violentes et contestées de mars 2016. Qu’en est-il exactement et comment interpréter cela?

Après les accréditations de nouveaux ambassadeurs début août par les gouvernements français et congolais, après également le dernier message du Président américain à l’endroit du despote congolais, à l’occasion de la fête d’indépendance du Congo le 15 août, tout comme celui de la Délégation de l’U.E au Congo le 13 août, ces faits ont, comme de coutume, fait l’objet d’une récupération et de spéculations politiques diverses par le pouvoir en place et ses sbires principalement. Comme si les relations avaient été rompues auparavant entre ces entités et l’État congolais! Comme si le président américain n’adressait pas les messages de même nature à d’autres dirigeants peu fréquentables du monde, y compris au dirigeant nord-coréen, et celui de la Syrie notamment !

Voici, pour l’essentiel, les extraits des deux messages:

«l’UE exprime sa volonté de travailler pour l’avenir du Congo dans le cadre des nouvelles institutions et avec les autorités issues des dernières élections… l’UE souhaite poursuivre avec le Congo un dialogue constructif en vue d’un partenariat juste, respectueux et conforme aux valeurs qui lient le Congo et l’UE».

Le message du président américain, luiest tout ce qu’il y a de plus sobreA l’occasion du 56e anniversaire de l’indépendance du Congo, le numéro un américain se « … joint au peuple des USA » pour souhaiter ses meilleurs vœux au peuple et au président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso.

« Nous restons engagés à collaborer avec le gouvernement et le peuple de la République du Congo afin de renforcer les institutions qui soutiennent la bonne gouvernance« , ajoute le message, dans lequel on ne peut manquer de noter la permanence des thèmes chers au président américain.

La diplomatie a ses règles, ses coutumes et usages sans lesquels d’ailleurs, et en l’occurrence, on ne comprendrait plus quelles sont les raisons d’existence et de maintien des représentations des USA et de l’UE au Congo, puisque celles-ci sont astreintes à participer, à honorer quasiment toutes les manifestations officielles du pays hôte. C’est là, une constante de tous les temps, sauf évidemment dans les hypothèses principales de la rupture des relations diplomatiques, et de guerre. Plus particulièrement, et à propos du message de l’UE annoncé, on notera que celui-ci fait état des autorités « issues » des dernières élections et non des autorités élues! Ce qui est la réalité, et la nuance est tout à fait notable.

Ces instances n’avaient pas adopté une attitude différente lors de la crise nigérienne née du coup d’État constitutionnel du président Mamadou Tandja en 2009, toujours pour continuer à présider au-delà du double mandat formellement sanctuarisé. On sait ce qui est arrivé par la suite, et où se trouve Tandja aujourd’hui. Ni les autorités américaines, ni les pays de l’Union européenne ne blâmèrent l’éviction de celui-ci le 18 février 2010 par les militaires, justifiée par les troubles consécutifs au coup de force du président.

Cela dit, il n’en reste pas moins que ces prises de position constituent une forme d’avertissement, un avant-goût aux forces civiles et politiques congolaises opposées au pouvoir autocratique et sauvage congolais. De la même façon que les États étrangers ou organisations internationales, de façon formelle, ne confèrent pas la légitimité à un gouvernement, il ne leur appartient pas non plus de se substituer à un peuple ou une opposition pour l’évincer, quelle que soit sa nature. Leur rôle demeure celui de facilitateur, dans un sens ou dans un autre. La légitimité d’un gouvernement est, et a toujours été, une question nationale, l’affaire des gouvernés et, la distinction des termes est, à elle seule, assez significative : un gouvernementun État peuvent exister et être légitimes sans reconnaissance comme l’a longtemps été la Chine notamment face au pouvoir américain, tandis qu’une reconnaissance peut être déclarée en faveur d’un gouvernement sans que celui-ci ne soit légitime, comme on le voit couramment dans les rapports entre les différents pouvoirs français et les régimes dictatoriaux africains, le pouvoir congolais précisément, depuis 1997.

C’est dire, et l’on n’a pas manqué de le souligner par le passé, que si les Congolais attendent que ce soit Obama ou autres, l’ONU ou autres qui règlent le problème congolais, ils attendront en vain car, dans la philosophie et la pratique de ces acteurs, spécifiquement à propos de l’Afrique, les exigences de stabilité et de paix passent avant celles de la démocratie, parce qu’ils ne sont pas convaincus de la primauté de ces exigences démocratiques dans la pensée et les comportements des autres aspirants au pouvoir dans le continent. Cela, les despotes africains en ont pris conscience et en usent, en font leur fond de commerce politique, en interne comme à l’international.

Et, reconnaissons-le, ces instances internationales n’ont pas tout à fait tort à cet égard. L’histoire politique post-90 du Congo confirme, hélas, le primat perpétuel du désir du pouvoir sur les exigences démocratiques pour l’écrasante majorité de la classe politique congolaise, primat que ne dément pas la transhumance politique chronique, les crises politiques cycliques, la perfidie et les inconséquences diverses, le mercantilisme à outrance. Qui ne connaît pas le profil politique profondément nocif de Sassou-Nguesso, et solennellement décrit à la Conférence nationale de 1991! Combien, parmi les ténors politiques d’aujourd’hui, ne l’ont pas rejoint à un moment ou un autre après sa sortie par les urnes en 1992, et surtout après son retour par les armes en 1997, et au moment de la distribution généreuse de l’humiliation et de milliers de deuils dans les familles congolaises ! Très très peu, et ils ne dépassent pas les doigts d’une main ! Et, cela, les dirigeants étrangers, les responsables des organisations internationales, ne peuvent pas ne pas le savoir…et en concluent, facilement et rapidement, que la question, la querelle est moins celle de la démocratie que celle des ambitions personnelles dans laquelle, au risque de se perdre, du ridicule et «  de ne prendre que des coups inutiles » comme le disait un dirigeant occidental ouvertement dans un documentaire, ils doivent se borner à défendre les intérêts de leurs États !

Alors, que les Congolais, clairement et définitivement, se convainquent que désormais la balle est dans leur camp: que, pour une fois, ils n’usent pas de bouc émissaire et se résolvent à comprendre que la force du despote est l’aveu ou la traduction de leurs faiblesses et, qu’au contraire, de leur détermination, de leur conséquence et constance, de leur patriotisme affirmé et leur ingéniosité découlera le soutien des pouvoirs et organisations étrangers espérés et la fin du régime sauvage. Car, quel que soit l’attachement forcené tant décrié à leurs intérêts, en raison de la portée des communications aujourd’hui et de leurs opinions publiques, ces acteurs internationauxne peuvent et ne sauront rester indéfiniment inertes face à la fougue et la puissance des Congolais d’en finir avec leurs bourreaux…

Mais, il apparaît une autre, et peu ordinaire, raison de cette détente de façade de la communauté internationale à l’endroit du pouvoir de Brazzaville, et qu’on ne peut manquer de signaler ici. C’est, de façon progressive et rapide, la prise de conscience par celle-ci que, moins que l’opposition des hommes, des forces politiques, c’est beaucoup plus à l’impasse, l’opposition intransigeante et dure des finances publiques congolaises qu’aura beaucoup plus à faire face Brazzaville, dans les mois à venir… .Celle-là même qui avait déjà eu raison du despote à la fin des années 80 et l’avait contraint à desserrer le pouvoir de fer, à accepter l’ouverture et finalement son éviction par les urnes en 1992, une première au Congo depuis l’indépendance en 1960, comme on le sait.

Enfin, sous le même esprit de détente, et d’un point de vue géopolitique, nombreux des grands acteurs de la communauté internationale, l’Amérique principalement, ont toujours considéré, et pas tout à fait à tort, le Congo (et d’autres voisins) comme une banlieue de la grande RDC et qu’en décidant, en étant ferme dans ce dernier pays, ils orienteraient et détermineraient largement, par ricochet, l’ordre politique sur le premier et sur le voisinage.

Cela, le pouvoir illégitime du Congo le sait, ou en a été briefé, et explique l’effervescence diplomatique et les retournements de veste de ces dernières semaines : le despote qui multiplie, inhabituellement, les rencontres au sommet avec les autres dirigeants sous-régionaux ; Dos Santos l’angolais qui, après une visite à Oyo (le village du dictateur congolais, devenu capitale de fait du pays), revient brutalement sur sa déclaration solennellement annoncée le 11 mars 2016 de quitter le pouvoir en 2018; Kabila qui persiste et s’enfonce dans le louvoiement ; des envoyés du pouvoir américain qui eux également multiplient les rencontres avec les autocrates de la sous-région ; de géants exercices militaires insolites au Gabon attribués à Ali Bongo pour conserver le pouvoir dans la perspective des présidentielles du 27 août, mais que ce dernier affirme ouvertement (Vox Africa, 23 août 2016) comme étant américains contre le terrorisme dans la sous-région, etc.

Bref, un climat et une saison de suspicion et d’incertitude, de paranoïa pour les autocrates plus que jamais en alerte maximum, que l’internationalisation des conflits politiques et l’ingérence entreprise au milieu des années 90 en RDC, au Congo, en RCA renforcent et finissent par convaincre, en effet, que la clé ou la décompression politique, dans ce nid à dictateurs que constitue la sous-région d’Afrique centrale, sera difficile à détacher de l’issue de la crise politique de l’heure dans ce ‘continent dans un continent’ qu’est la RDC. Ce qui explique, peut-être, et à l’inverse de ce que l’on a observé au Congo, la multiplication et la concentration conjoncturelles des pressions internationales contre Kabila pour le respect de la Constitution et son départ avant la fin de l’année 2016. Car, il va de soi que, de la même façon qu’une RDC en décadence risquerait d’entraîner tous ses voisins dont le Congo, au contraire, sa stabilisation, son organisation et sa consolidation démocratique auraient un effet positif et lui conférerait in fine un rôle de leadership sous-régional auquel a échoué, au plan continental, l’Afrique du sud faute de dirigeants probes, d’envergure et clairvoyants, après Mandela…

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Félix BANKOUNDA MPELE

Juriste, Diplômé de Sciences politiques