Ce qui n’était plus qu’un secret de polichinelle vient d’être déballé publiquement : Denis Sassou Nguesso vient d’annoncer la tenue d’un référendum anti-constitutionnel.
Ainsi Sassou, fidèle à son penchant pour la médiocrité, vient d’inscrire là sa gouvernance avec le sceau du triomphe de la médiocrité. Pendant que l’Afrique entière bouge sous les soubresauts de revendication et de révolution, Sassou rêve d’inscrire le Congo en marge de cette nouvelle histoire africaine en marche. Comme on a pu le constater, c’est un président peureux, se cachant dans son palais après avoir enregistré son cynique message dont les Congolais ont constaté à la télévision une absence d’assurance. Un discours dont on pouvait ressentir sans peine la désespérance, l’inquiétude, la tremblote signe que l’homme des masses devient l’homme solitaire. C’est un homme habité par un esprit de repli, de fermeture, d’enfermement est une mauvaise façon d’aimer le Congo . Il se trouve bien entendu dans les délires protectionnistes et anti constitutionnel qui nourrissent la démagogie clanique telle est simplement la politique quotidienne du gouvernement.
Ce ballon d’essai lancé par le monarque de Mpila tient avant tout à tester le peuple congolais, son engagement, les forces en présence avant de faire place à un grand déballage. Point besoin de revenir sur les points juridiques qui montrent que cet acte est contraire aux prérogatives de l’État et pire non consensuel.
En s’appuyant sur les seules conclusions du « dialogue de Sibiti », cela témoigne de la volonté de manipuler le peuple.
De ce fait , Sassou s’est enfermé dans une logique de fait accompli de viol de la constitution du 20 janvier 2002 et qui rompt le pacte de paix qu’il a signé avec son peuple et opte pour un viol, ou un coup d’État constitutionnel.
Sassou par ces manœuvres dilatoires soutenues par les jusqu’au-boutistes du PCT retardent l’application des dispositions convenues pour reprendre le fichier électoral et continue à dérouler de façon unilatérale son chronogramme sans que le mécanisme de concertation prévu par la loi n’ait été rendue réellement fonctionnel.
Cette stratégie éprouvée depuis des décennies est reconnue comme la méthode attitrée de Sassou. Bâillonné, enfermé, ficelé par l’article 185 qui stipule que « … le nombre de mandats du président ne peut pas faire l’objet d’une révision constitutionnelle… » et « … en violation de la Charte de la démocratie de l’Union africaine, qui prohibe toute révision des Constitutions qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique », Sassou est pris a son propre piège comme un cochon pataugeant dans sa propre merde.
Nous constatons également qu’à travers le message de Sassou des menaces à peine voilées :… « L’aventure et le désordre ne relèvent pas de la démocratie. Ils n’ont aucune place dans la République et ne sauraient être tolérés ». dixit discours de Sassou mardi 22 septembre 2015.
Qui menace la paix et la démocratie au Congo ? Serait-ce l’opposition qui ne réclame que le respect de la constitution ? Serait-ce la société civile qui réclame le retour à un fichier électoral incontestable s’appuyant sur un vrai recensement de la population ? Serait-ce l’Église catholique qui a manifesté clairement sa désapprobation à la volonté affichée de changement de constitution ?
Il est clair que Sassou Nguesso en usant de cette forfaiture tente encore une fois d’intimider le peuple congolais pour valider un coup d’état. Ceci en violant et en s’accaparant de tous les droits du peuple Congolais qui ne demande que le respect de la constitution et l’aspiration à une alternance démocratique dans la paix.
Par conséquent le DAC :
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Dénonce le coup d’état constitutionnel en cours depuis l’annonce du referendum.
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Demande à tous les Congolais où que vous trouvez sur l’ensemble du territoire national et ceux de la diaspora de lancer l’opération NETREP « NETTOYAGE RÉPUBLICAIN ».
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Que tous les patriotes Congolais, soucieux du respect de la constitution, fidèles à nos valeurs humanistes et de justice sociale, d’observer la désobéissance civile à compter du 28 septembre 2015 et ceci jusqu’ au retrait de cette annonce et la mise en œuvre du processus électoral fiable.
- Constatons que Denis Sassou Nguesso et son gouvernement ont perdu toute sincérité, neutralité et crédibilité en vue des échéances électorales à venir au Congo.
- En vue d’aboutir à un processus électoral crédible conduisant à des scrutins libres et transparents, dans le respect de l’État de droit et des libertés publiques, DAC exige que les opérations pré-électorales et électorales des présidentielles de 2016 dans le respect des termes de la constitution du 20 janvier 2002 soient placées sous la supervision de l’Union Africaine, l’OIF, l’Union Européenne, les États-Unis, l’ONU…
Dans le cas où les incertitudes prévalant ce jour quant à l’annonce de cette forfaiture référendaire n’étaient pas levées dans les prochains jours, DAC initiera une série de manifestations pacifiques sur les places publiques afin d’amener le pouvoir à se conformer aux dispositions de la Constitution et des lois de la République.
De même, nous sensibilisons l’opinion nationale et internationale sur les dérives dictatoriales du fait d’un homme qui veut demeurer au pouvoir ad vitam æternam en violation des pratiques démocratiques, en totale contradiction avec les principes de bonne gouvernance démocratique et du respect des règles de l’État de droit.
Pour DAC, Développer Autrement le Congo
Lyon, le 23 Septembre 2015.
Jean-Claude BERI