Requiem pour Guy-Brice Parfait Kolelas.

L’horizon de la vraie opposition congolaise s’éclaircit. La convention de l’opposition faite de bric et de broc prévue du 4 au 5 novembre 2016 n’aura pas lieu. Ainsi en a décidé le pouvoir dictatorial du Congo-Brazzaville sans une pointe d’ironie pour un allié devenu encombrant. C’est un cinglant camouflet que vient d’infliger le mentor à son élève. Pourquoi créer une énième opposition alors que l’on partage la même vision politique? La majorité présidentielle de fait siffle la fin de la récréation, de la cacophonie, vis à vis de ses partenaires. Enfin, je dirais encore que les masques sont finalement tombés.

A vouloir jouer à l’équilibriste, au funambule, Parfait Kolelas vient de tomber dans le vide. L’inconséquence politique, le manque de vision, ont eu raison de ce loup solitaire. C’est le clap de fin, l’échec politique de celui qui se rêvait petit ayatollah d’une certaine opposition congolaise téléguidée.

Comment après avoir exercé des fonctions ministérielles, été un des directeurs de campagne en 2009 de Sassou, ce dernier a cru s’émanciper aussi facilement de son créateur? Par cet acte, notre timonier reprend l’initiative et fixe dorénavant le tempo médiatique. Parfait Kolelas vient de passer à la chausse-trappe et son oraison funèbre vient d’être prononcée. C’est le chant de cygnes.

La politique ne s’improvise pas. Jouer dans la cour des grands et présumer de ses forces tel Icare, ce dernier vient de se brûler les ailes au contact du soleil tant son armature était en cire. Pendant que nous pleurons encore nos morts du Pool non enterrés décemment, nous déplorons les conditions de vie de familles qui vivent dans le dénuement, nos leaders emprisonnés et embastillés, il eut été indécent d’organiser ce genre de messe inutile. Encore une occasion ratée pour prendre de la hauteur. Nous finirons par dire que nous sommes habitués.

Nous avons écrit et dénoncé ce qui devrait l’être. Il est temps qu’après ces dernières périodes d’hypocrisie que la politique reprenne ses droits avec un débat de fond qui nous emmènera à sortir de cette chienlit dans laquelle Sassou nous plonge par son aveuglement. Dans une démocratie, l’exercice du pouvoir n’est en aucun cas une dictature de la minorité sur la majorité. Le Président actuel de fait ayant rassemblé 8 % de suffrages des congolais est bien seul dans sa tour d’ivoire, déconnecté de la réalité. Il doit comprendre qu’il est minoritaire, le temps de la mobilisation de l’homme des masses étant révolu. Le monde change et Sassou doit changer.

Notre souci majeur reste le peuple congolais dont les souffrances ne font que s’empirer au jour le jour. L’angoisse, l’incertitude dans l’avenir pèsent sur le moral de nos compatriotes. L’économie est au ralenti, l’éducation en berne, les investissements renvoyés au calandre grecque et la société se délite. Il est temps de sortir par le haut avec un dialogue inclusif dont les préalables sont connus de tous. L’on ne peut pas gouverner contre son peuple.

A tous les militants congolais du Pool, à nos frère et sœurs éplorés, il est temps de changer de braquet de notre analyse politique, car tel un cycliste la côte devient plus pentue, plus abrupte. Notre rassemblement aussi large soit-il, se fera désormais sans ceux qui sont arrivés à la politique le ventre vide. Maintenant qu’ils sont repus, ils vous ont oublié.

A ceux des nôtres de l’IDC-FROCAD-J3M qui nous représentent sur place, il est temps de s’atteler au grand programme de redressement du Congo. Il faut parler aux congolais, leur expliquer de quoi nous sommes capables et en quoi nous sommes différents des gouvernants actuels. Nous sommes une opposition responsable donc une opposition de gouvernement. Il ne faudra en aucun cas que nous soyons surpris en arrivant au pouvoir. Maintenant que les cartes sont rebattues, les protagonistes connus, à nous de jouer pour gagner.

Après que Parfait Kolelas se soit brûlé les ailes et s’être disqualifié sur le plan national et international, ne soyons pas comme ces hommes qui, poussés par le destin, ne se sont pas hissés à la hauteur des attentes du peuple. C’est l’heure de la réflexion et non du déballage afin que le Congo retrouve son lustre d’antan avec un projet pour relever le pays. N’oublions pas que le grand perdant dans cette histoire, c’est cette majorité silencieuse, le peuple congolais.

Incarnons le renouveau démocratique congolais en changeant le paradigme, notre manière de faire la politique. Ceux qui s’ hasarderont aux arrangements entre petits copains, à manigancer dans le dos du peuple, seront toujours surpris et en seront pour leur frais.

Pour paraphraser Georges Clemenceau, « en entrant dans le néant, Parfait Kolelas a dû se sentir chez lui » et « ça ne fait pas un Congolais en moins, mais une place à prendre. »

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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA