Les officiers généraux Ndengué et Nianga Mbouala pointés du doigt
Les populations du Congo, en général, et celles de Brazzaville, en particulier, sont exacerbées depuis quelques mois par un banditisme de grand chemin. Ce banditisme se caractérise par des attaques à l’arme automatique par des inconnus cagoulés, transportés à bord des véhicules de marque Toyota 4×4, couramment appelés «B.J», et par des «Bébés noirs» qui opèrent à visage découvert. Ces fameux «Bébés noirs» agacent les paisibles citoyens qui ne peuvent plus vaquer librement à leurs occupations, au vu et au su des autorités policières qui, visiblement, sont complices et donc incapables de les mettre hors d’état de nuire. Les «Bébés Noirs» sont des groupes de bandits, qui opèrent dans les quartiers de Brazzaville, nord comme sud. Composés de dizaines de jeunes de moins de 25 ans, ils sèment la terreur sur leur passage, avec des machettes, haches, débris de bouteilles, pierres, etc. Ils cassent et pillent des biens et brutalisent tous ceux qu’ils croisent sur leur chemin. Le dernier fait date du vendredi 18 décembre 2015, lorsqu’un autre groupuscule de ces assassins caressés par la police a fait irruption dans le deuxième arrondissement de Brazzaville, vers les quartiers Mpissa et Commission. Des commerçants ont fait les frais ainsi que des passants. En clair, ces gangs n’ont peur ni de la population ni de l’autorité de l’Etat. «Appelez n’importe qui vous voulez ! Même Ndengué nous connaît ; il a peur de nous», se vantent ces brigands. Ils peuvent avoir raison en affirmant que Ndengué les connaît, lorsqu’on sait que la police congolaise, la vraie ou la police politique du Congo, est championne en renseignements et en filature, surtout quand il s’agit de préserver le pouvoir. On a vu, lors de la marche pacifique du 20 octobre dernier, la manière avec laquelle la police a réprimé à coups de gaz lacrymogène et de balles réelles des jeunes congolais qui s’opposaient, les mains nues, au coup d’Etat constitutionnel. La police politique de Ndengué avait mis en exergue tous ses muscles et a même armé des civils appelés «12 Apôtres» pour, officiellement, préserver la paix et protéger les institutions. Or, si les «Bébés Noirs» menacent la paix des populations, pourquoi cette même police du 20 octobre 2015 ne déploie-t-elle pas ses forces et ses 12 Apôtres pour éradiquer le phénomène ? Quelques jours avant l’irruption des «Bébés Noirs» dans Bacongo, le général de brigade Jean-François Ndengué, à la tête d’une cohorte, est passée dans la zone sud de Brazzaville, faisant croire qu’il avait la maîtrise de la situation. Ce laxisme des autorités policières corrobore la thèse de ceux qui pensent que ces fameux «Bébés Noirs» sont entretenus par certains généraux du pouvoir, pour justifier le décaissement des fonds du Trésor public à leur profit et montrer au locataire de la Résidence du Plateau que seuls eux ont le contrôle de la situation sécuritaire du pays, et qu’ils méritent par conséquent les postes qu’ils occupent.
Les généraux Ndengué et Nianga Mbouala ne sont toujours pas interpellés
Dans la nuit du 30 novembre 2015, et les jours qui suivaient, plusieurs attaques à l’arme automatique ont ébranlé le moral des Congolais, notamment les habitants de Brazzaville-nord, mais sans bousculer les officiers généraux. Ces attaques du 30 novembre 2015 ont été comparables aux coups de feu simulés de la police, qui avaient retenti au Plateau des 15 ans et justifié l’attaque, à l’hélicoptère, de la résidence de fonction de l’ancien Secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité (CNS), Marcel Ntsourou, le lundi 16 décembre 2013, à Brazzaville. Parce que le pouvoir le soupçonnait d’entretenir une milice privée chez lui Ce scénario a été aussi comparable aux montages «diaboliques» qui avaient conduit aux assassinats jamais élucidés, à partir de 1977, de Marien Ngouabi, Alphonse Massamba-Debat, Emile Biayenda, Ndoudi Nganga, Germain Mizelet, Nicolas Okongo, Pierre Anga et autres. Pour les observateurs avertis de la politique nationale congolaise, les attaques du 30 novembre 2015 seraient encore une manœuvre perpétrée par le pouvoir en place pour continuer à chercher les raisons de disqualifier les opposants qui font peur politiquement à Sassou, tels que Guy Brice Parfait Kolélas et André Okombi Salissa. Comme ces incidents se sont déroulés dans la partie nord de la capitale, zone supposée contrôlée par Okombi, ces incidents pourraient être attribués, à tort, à ce dernier. A moins que, cette fois-ci, le pouvoir se gêne, puisque l’opinion nationale et internationale a compris ses manœuvres visant à créer des troubles pour justifier la non-tenue des élections libres et transparentes. La population et la communauté internationale ne sont plus dupes pour cautionner toute manœuvre du Parti Congolais du Travail (PCT) et ses alliés. Car, c’est la même stratégie qui est toujours mise au point, depuis des décennies, pour écraser les opposants de Sassou-N’Guesso. C’est de cette manière que Pascal Lissouba, Bernard Kolelas, Jacques Joachim Yhomby Opango, etc. avaient été écartés de la vie politique après 1997; primo, en les condamnant par contumace; secundo, en inscrivant une disposition dans la Constitution du 20 janvier 2002 qui déclarait inéligibles tous les candidats âgés de plus de 70 ans et ceux n’ayant pas résidé au Congo pendant deux (2) ans de façon ininterrompue. André Milongo, en 2002, candidat favori face au président Sassou-NGuesso à l’élection présidentielle, avait retiré sa candidature à cause des intimidations de tout genre et des conseils de ses proches d’alors, dont certains travaillent aujourd’hui avec le pouvoir, notamment au gouvernement. Qui ne sait pas que les seuls Congolais qui ont des armes et des BJ non immatriculées aujourd’hui, ont pour noms Sassou-N’Guesso et ses disciples ? Qui ne sait pas que ce sont les mêmes BJ blanches non immatriculées à bord desquelles roulent, en pleine journée, les supplétifs de la police (miliciens) et certains éléments de l’Escadron de la mort de la Présidence de la République? Qui ne sait pas que ces mêmes éléments ont semé la mort d’une cinquantaine des Congolais entre le 20 octobre et fin novembre 2015 ? Qui ne sait pas que seuls les hommes de Ndengué et de Nianga Mbouala portent des cagoules dans ce pays ? Pourquoi alors ne pas interpeller ces deux officiers généraux pour en savoir plus ? Qui ne sait pas que Nianga Mbouala procédait aux recrutements illégaux de bandits au stade Saint Denis, à Brazzaville, entre fin novembre et début décembre 2015? Sassou serait-il complice de ces officiers généraux ? Sinon, pourquoi ne décide-t-il pas de les sanctionner? A-t-on vraiment besoin de pratiques moye-nâgeuses pour bien gouverner ? Le peuple se laissera- t-il faire encore, demain, au cas où les arrestations planifiées de Kolélas, Okombi, Tsaty-Mabiala et autres se confirmeraient ? Entretemps, les populations sont au courant de toutes les manœuvres dilatoires de ce pouvoir à bout de souffle, qui ne tient plus que par la terreur, la dictature, la corruption et le pillage des deniers publics. Elles attendent que les fabricateurs des «Bébés Noirs» mettent eux-mêmes fin à leur histoire.
Affaire à suivre !
Ghys Fortuné DOMBE BEMBA