Ecoutes clandestines, fichage de la population et malversations: tous les ingrédients du scandale sont réunis pour que les agissements du service de renseignement menacent le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
L’affaire a été révélée en novembre 2012 avec la publication par l’hebdomadaire D’Lëtzebuerger Land du verbatim d’un entretien entre l’ancien directeur du service SREL et le Premier ministre datant de 2007.
Au cours de cette conversation, le directeur du SREL, Marco Mille, révèle l’existence de 300.000 fiches individuelles de citoyens et de personnalités politiques. Résultant d’opérations d’espionnage pendant la guerre froide, ces fiches ont été détruites, précise M. Mille.
Il dévoile aussi l’existence d’une écoute, datant de 2005 ou 2006, d’un entretien au Palais entre M. Juncker et le chef de l’Etat, le Grand-Duc Henri. M. Mille fait part également à Jean-Claude Juncker d’informations crédibles de ses services sur l’existence de contacts réguliers entre le souverain luxembourgeois et les services secrets britanniques.
A la suite de ces premières révélations, une enquête parlementaire est lancée en décembre 2012 au cours de laquelle le Premier ministre sera entendu à trois reprises. Elle confirme l’existence de plus de 13.000 fiches sur des personnes, des entreprises ou des associations, dans ce pays de quelque 500.000 habitants.
Le rapport évoque de graves dysfonctionnements du SREL entre 2004 et 2009 faute d’exercice par le Premier ministre du contrôle dont il a pourtant la responsabilité.
« Police secrète »
Sous la direction de M. Mille, reconverti depuis dans la sécurité privée, le service de renseignement a procédé à des écoutes illégales d’hommes d’affaires.
En 2007, des agents avaient mis en place une mission sous le prétexte du contre-terrorisme, alors qu’il s’agissait d’aider un oligarque russe à régler, contre une commission de 10%, un différend commercial. Informé de ces faits, Jean-Claude Juncker demandera l’arrêt immédiat de la mission mais ne prendra pas de sanctions disciplinaires contre les responsables du service.
Le rapport d’enquête reproche également à M. Juncker et au SREL de ne pas avoir alerté la justice en 2006 lors de la révélation d’un compte de 150 millions de dollars au Luxembourg de l’ancien président du Congo, Pascal Lissouba.
Il épingle les achats, avec des rabais allant jusqu’à 30%, puis la revente de grosses berlines allemandes par des membres du SREL à des fins privées, ainsi que l’organisation de missions à l’étranger totalement étrangères aux objectifs du service de renseignement.
Le rapport dénonce des « agissements du SREL dignes d’une structure de police secrète », en évoquant notamment la surveillance du procureur général d’Etat et les accusations de pédophilie lancées à son encontre.
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