L’incursion des troupes angolaise le 15 Octobre 2013 en terre congolaise (KimongO, Iloupaga, Yandza, Pangui, Ngandambinda) et le silence des autorités du Congo-Brazzaville dépasse l’imagination. Des militaires des forces armées congolaises (FAC), mal entraînés, non disciplinés et mal équipés, ont été enlevés à Kimongo et séquestrés au Cabinda en territoire angolais sans que cette opération d’humiliation n’appelle ni une réplique ni une communication de la part du gouvernement du Congo-Brazzaville.
Et, encore moins, une protestation auprès des instances internationales à ce qui apparaît clairement comme une violation du droit international. Jamais, Sassou Nguesso n’a eu aussi peu de relais pour répondre aux attaques militaires de Dos Santos. Son gouvernement est aphone, son armée inexistante et indisciplinée, son parti turbulent et son camp déboussolé.
Mystères
Parmi les mystères de cette affaire, qui en compte beaucoup, il en est quelques uns qu’on ne peut s’empêcher de relever ici, au risque de recevoir une volée de bois vert. Y aurait-il un deal entre Sassou Nguesso et Dos Santos ? Existerait-il une revendication territoriale suite à une promesse non tenue qui daterait de 1997 ? Dos Santos projeterait-il d’installer un autre homme plus crédible sur le trône occupé par Sassou Nguesso ? Les troupes angolaises auraient-elles été freinées dans leur élan ? L’incursion des militaires angolais à Kimongo aurait-elle été motivée par la présence de 1000 miliciens rwandais stationnés par Sassou Nguesso dans les faubourgs de Pointe-Noire et non loin du Cabinda ? Les troupes angolaises pourchassaient-elles en territoire congolais des éléments du FLEC ? Comment interpréter le silence de Luanda et de Brazzaville ? Les deux hommes, alliés de 1997 , seraient-ils liés par un pacte ? Quels sont les ressorts des opérations militaires angolaises au Congo-Brazzaville ? Comment Denis Sassou Nguesso peut-il sortir de ce que certains de ses proches qualifient eux-mêmes de » spirale infernale » ? Par quels moyens peut-il redevenir le maître d’un environnement politique, économique et social dont les pièces semblent chaque jour davantage lui échapper ? De quelles armes dispose-t-il, en somme, pour restaurer une autorité qui a été profondément ébranlée et écornée à la suite de la débâcle des FAC dans le Niari, de l’explosion du 4 Mars 2012 de la poudrière de Mpila, des affaires des biens mal acquis et des disparus du Beach de Brazzaville , recouvrer une crédibilité qui continue de s’effriter faute de résultats tangibles en dépit de moult campagnes de lobbying dans les capitales occidentales et redonner à son action une lisibilité qui s’est évaporée
Ethnisation à outrance des FAC
Combien, parmi les admirateurs et les fanatiques des « cobras » habillés en FAC , parmi ceux qui ont poussé tant de clameurs au sujet de leurs exploits face aux populations de la région du Pool et des pays du Niboland ? , ont pris la peine de s’interroger sur l’efficacité des troupes congolaises ? Et, parmi ceux qui l’auront fait combien auront éprouvé une perplexité sur tel ou tel épisode ? Sur telle ou telle attitude de l’Etat major général, du haut commandement des FAC et des troupes sur le terrain ? Combien ont éprouvé de la gêne quant au comportement des officiers et hommes de troupes plus visibles dans les « ngandas » et les maisons closes des grandes villes que lors des manœuvres militaires ? La déroute militaire des FAC dans le Niari est-elle si surprenante ? et si la débandade des « mens in kaki » du Congo-Brazzaville était la rançon de l‘éthnisation à outrance des FAC par Sassou Nguesso ?
Tigres de papier. Généraux d’opérette
Où sont passé les affairistes, généraux d’opérette Noël Essongo, Oléssongo, Bokamba, Prosper Nkonta, Norbert Dabira, René Boukaka, Guy Blanchard Okoï, Philippe Tchicaya, Morlendé, Ngatsé Nianga Mbouala, Jean Dominique Okemba, Charles Richard Mondjo… qui avaient le poil sec et lustré vis-à-vis des habitants des agglomérations de Bacongo et Makélékélé ? Que sont les muscles bandés devenus des « cobras » déguisés en FAC, la mâchoire en avant de Obargui et François Ibovi et les maxillaires d’Isidore Mvouba battant la charge, de sa voix de basse, contre les populations non armées du Pool ? Qu’est devenu Bienvenu Okiémi, porte-parole du gouvernement du Congo-Brazzaville, d’ordinaire si prompt à réagir sur tout et n’importe quoi ?
Carpe
Jamais, à la lumière de l’incursion des militaires angolais et de l’inertie des troupes congolaises, les forces armés congolaises n’ont si bien porté leur nom : la grande muette. Muette comme une carpe. Sassou Nguesso, le PCT, les FAC et les épigones du « chemin d’avenir » sont à poil. Le roi est nu. Alors que la situation politique et militaire du Congo-Brazzaville exige de la rigueur, de la vigueur, de la fermeté et de l’autorité, Sassou Nguesso, les FAC, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir » s’illustrent en « émollience ». Sur le champs de bataille, Dos Santos a pris le dessus et a marqué des points et Sassou a été contraint de constater l’inexistence, la vulnérabilité et la fragilité de ses « cobras ». Les forces armées congolaises, à défaut d’être une force de défense du territoire, ne sont qu’un machin constitué de miliciens « cobras » et un instrument de conservation du pouvoir entre les mains d’un homme : Denis Sassou Nguesso. Reste à lui asséner , en 2016, le dernier coup de grâce électoral.
Benjamin BILOMBOT BITADYS