Editorial, Politique

Sassou et son clan éventrent la société congolaise

Christel Sassou Nguesso et Claudia Sassou Nguesso, les éventreurs de la société congolaise

Bon nombre de jeunes congolais se montrent défiants vis-à-vis des politiques actuels du Congo. Activistes de la société civile, actifs sur les réseaux sociaux, ils contestent le pouvoir établi, en mobilisant par des marches téléguidées et les slogans bien ciblés ou en réactualisant des codes du repli sur soi bien connus.

Adeptes d’une forme de démocratie soumise. C’est-à-dire une démocratie déstructurée, déstabilisée, déracinée. C’est une jeunesse qui se dit montante mais use des mêmes codes politiques que ceux qu’elle prétend récuser. Elle n’a jamais réellement posé ses amarres en l’avenir du Congo.

Pourquoi la jeunesse congolaise s’égare-t-elle ?

Une jeunesse perdue et manipulée qui fait l’éloge de Sassou qui a plongé le Congo dans un chaos économique et social.

L’agitation actuelle n’est qu’une manipulation des jeunes par des esprits morbides qui ont mis sur orbite la déstructuration de la société congolaise en vue de la préservation d’un pouvoir affamant et baignant dans l’immoralité la plus abjecte.

Comment une frange de la jeunesse congolaise peut-elle émettre l’idée de la candidature de Sassou en 2021 alors que ce dernier a plongé le pays dans un marasme économique et social ?

Sassou Nguesso et son clan ont fait preuve de mauvaises pratiques au sommet de l’Etat : mauvaise  gestion, clanisme, l’incompétence, la médiocrité, les détournements de fonds publics, le laisser-aller, l’impunité…

Faut-il encore le dire et le redire que le système Sassou a failli dans sa mission de construire une nation de justice et de progrès social.  Et, si l’on ajoute à cela l’inexistence d’alternatives crédibles dans les oppositions, il faut bien convenir d’un affaissement général de la politique, le Congo que Mr Sassou et son clan offre au peuple est une monarchie républicaine impavide critiquée par 4,5 millions de citoyens mécontents.

Or, tout cela crée des frustrations dans lesquelles s’engouffrent le pouvoir pour acheter les consciences de beaucoup de jeunes. Ils croient créer des nouveaux leviers d’engagement, le choix de l’activisme numérique ou encore le militantisme dans la société civile associative.

Or, ils restent accrochés aux antivaleurs à des personnes perfides et profondément égoïstes et antipatriotes. Comment peut-on prétendre apporter le changement lorsque l’on est financé par les voleurs de la république ?

Comment réveiller les consciences du peuple, lorsqu’on est soi-même le promoteur de la fraude fiscale en acceptant d’être le prête-nom ou le garant d’un crédit immobilier pour un bien appartenant aux mêmes voleurs de la république ? C’est le cas de certains membres de la diaspora de France.

Cette attitude contre-productive encourage la déstructuration de la société congolaise qui erre depuis le retour sanglant du dictateur actuel.

Une société décomposée, désorientée, ballottée, incertaine , instable et désarticulée qui survit aujourd’hui sous perfusion du FMI.

Sassou Nguesso et son clan, de véritables fossoyeurs du Congo-Brazzaville

Pointe-Noire : Une jeunesse congolaise en perdition motivée par l’égoïsme et les désirs du ventre.

Comment comprendre une jeunesse qui marche pour la réélection ou la candidature d’un président de fait qui a largement failli et qui vous affame depuis 23 ans ? Doit-on comprendre que la jeunesse congolaise se résume à cette bande de mort-vivants poursuivant un bidon de sang laissé traîner par les destructeurs de la société congolaise qui ne prennent même plus la peine de se cacher. Au PCT, aucune agitation ne peut être montée sans l’aval des caciques gardiens du temple.

On ne le dira jamais assez « la jeunesse congolaise, hors militants et membres du PCT, se désespère d’être maintenue en lisière de la société. Une jeunesse qui subit un impôt inéquitablement réparti selon les capacités de chacun. Ce qui a construit une société déstructurée où le règne des privilèges et des passes droits est réservé à une catégorie d’individus où le mérite est totalement méconnu.  Une jeunesse qui subit de plein fouet la discrimination sociale dans les écoles en excluant d’accorder à chaque enfant la même attention. Une jeunesse dont l’accès aux soins est disparate et très inégalitaire. Une jeunesse qui ne peut espérer pouvoir vivre de son travail. Enfin, une jeunesse qui vit perpétuellement en sursaut en ayant cette épée de Damoclès sur la tête que la paix et la sécurité seraient conditionnées par le maintien au pouvoir du PCT et de son chef SASSOU. Voilà ce que le PCT offre comme avenir à cette jeunesse depuis 49 ans. Où est l’espérance d’un quelconque transfert de flambeau entre les générations ? » (1)

Comme nous l’avons écrit dans nos colonnes, les accusations portées par l’ONG anglais Global Withness sont loin d’être une œuvre de l’esprit fertile de quelques personnes en recherche de sensation. Les faits sont graves pour une nation qui se dit de justice et de droit.

A l’instar de la société civile, nous appuyons l’initiative prise par celle-ci de demander la levée d’immunité des députés Denis Christel SASSOU NGUESSO et Claudia SASSOU NGUESSO, tous deux fils et fille du dictateur SASSOU, les éventreurs de la société congolaise que certains petits esprits égarés veulent imposer comme des modèles.

On le sait d’avance que cette procédure n’a aucune chance d’aboutir vu que l’impunité est un levier important dans le système gouvernemental Sassou. Mais cela restera ancré dans les consciences des congolais et demain les congolais pourront s’en servir pour poursuivre ces deux rejetons voleurs ou pas.

De même nous apportons notre soutien sans failles aux deux organisations de la société civile RAZ LE BOL et La coalition congolaise Publiez ce que vous payez (PCQVP) pour leur immense implication et leur remarquable sens civique.

On s’inscrit la dans une logique de libération d’un peuple opprimé, quasiment séquestré. A voir comment l’on obtient un simple passeport au Congo on est très vite édifié sur la nature du pouvoir en face. « le passeport congolais est réputé être l’un des plus difficiles à obtenir. Lorsqu’un citoyen veut se le procurer ou renouveler un passeport dont la date de validité a expiré, il est soumis à un parcours du combattant. Il faut s’armer de patience. Quand bien même le dossier est déposé au service habilité, les délais de délivrance sont exagérément longs. Lorsqu’on veut accélérer la procédure, le coût augmente. Car à chacune des étapes, il faut payer ou ‘’mouiller la barbe’’ des intermédiaires. C’est ce qu’a retenu un usager des renseignements reçus avant d’entamer ses démarches. Il avait le choix entre ses deux chemins, chacun présentant, bien évidemment, ses avantages et ses inconvénients. Parfois les renseignements sont mal fournis aux usagers. Conséquence : de nombreux Congolais ne peuvent sortir du pays par manque de passeport. Ils ratent soit le voyage de service, soit ceux d’affaires, d’évacuation sanitaire, etc., à cause, se plaignent-ils, des difficultés rencontrées au service de l’émigration. » (La semaine africaine n° 3908)

La politique reste, certes, une grande passion nationale pour beaucoup de congolais, mais elle est décriée comme jamais aujourd’hui. Les acteurs sont plus des girouettes politiques, des suiveurs du miel même si leurs associations ou partis politiques se vident de leurs adhérents.

Que cela tienne, malgré l’information qui suscite une grande méfiance, un fossé se creuse rageusement entre élites et peuple, l’opinion balance vertigineusement entre des attentes contradictoires. Le Congo de SASSOU est devenu un kaléidoscope liquide et fluctuant, incertain et énigmatique mais surtout assassin.

Aller donc aux élections en 2021 dans ce contexte sans une préparation sérieuse, dans l’impréparation totale, sans une force alternative sur le terrain pour accompagner vos actions est tout simplement suicidaire. Sauf si on a un plan B contre le peuple.  C‘est une décision énigmatique entre des forces incertaines et quasi éphémères, aux contours inachevés et aux stratégies ambiguës. Une décision fragile non seulement inabouti, mais à peine constitué et sans cesse transformé. Incertain, équivoque. Liquide. C’est le drame de notre diaspora qui veut remplacer le calife.

Il est temps d’exhorter la diaspora à ne pas se tromper de combat et à faire barrage de façon inconditionnelle au clan Sassou. Comme le disait Albert Camus, «il est des moments où l’enjeu n’est pas de refaire le monde mais d’empêcher qu’il ne se défasse ».

Il existe beaucoup de chantiers urgents en Afrique, mais il est nécessaire avant tout d’accompagner l’émergence, au sein de la jeunesse, d’un discours de type nouveau, avec d’autres méthodes et d’autres acteurs, qui vise la prise démocratique du pouvoir.

Jean Claude BERI

(1) http://www.dac-presse.com/pct-symbole-dun-echec-permanent/

 

 

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