SASSOU NGUESSO EST-IL VRAIMENT INDÉBOULONNABLE?

L’opposition et le peuple se trouvent devant un dilemme face aux élections du 20 mars 2016 convoquées par les usurpateurs du pouvoir. Pour la vraie opposition et pour le peuple, aller à ces élections, c’est cautionner le coup d’état constitutionnel de Sassou et lui permettre de légitimer son pouvoir par des élections frauduleuses. Ne pas aller à ces élections, c’est aussi ouvrir à Sassou Nguesso un boulevard qui lui permettra, de la même manière qu’il l’a fait lors de son simulacre de référendum, de se proclamer élu avec un pourcentage de 95%.

A vrai dire, il demande au peuple et à l’opposition de choisir entre “bonnet blanc et blanc bonnet”. En un mot, que les leader de l’opposition prennent part ou non à ces élections, cela lui est égal, puisqu’il est convaincu à coup sûr d’être élu au premier tour par des ‘’fantômes’’.

La question est de savoir s’il existe une autre option que celle proposée par Sassou et son clan.

Pour un démocrate, la réponse n’est pas facile. Toutefois la responsabilité d’une crise et des conséquences qui en découleraient leur incombera inéluctablement. Helas, ces messieurs semblent ignorer que ce sont justement leurs propres errements politiques qui sont aujourd’hui, non seulement à l’origine de leurs faiblesses et de leur désarroi, mais mieux, ils renforcent la détermination du peuple pour mener à bien son combat. Il n’y a pas si longtemps encore, Sassou Nguesso s’érigeait en pseudo démocrate pour exiger le respect de la constitution au point de recourir aux armes pour renverser un président pourtant démocratiquement élu. En vérité il s’agissait pour lui d’empêcher l’organisation d’élections libres et transparentes dont il sortirait incontestablement vaincu.Entre temps le peuple congolais aura payé au prix de son sang cette obsession qui a permis à Sassou Nguesso d’arriver à ses fins et à sabler sans remords son champagne.

Comment donc comprendre aujourd’hui qu’un peuple soit si sévèrement réprimé parce que exigeant tout simplement le respect de sa constitution. S’inspirer des citations ci-après qui lui sont empruntées serait-il devenu un crime de lèse majesté au Congo ? ‘’…En effet, lorsque la constitution est violée, les démocrates ne doivent pas l’accepter… Et nous prenons l’opinion internationale à témoin, jamais, jamais nous n’accepterons que soient organisées des élections hors la loi…’’ Malheureusement, “comme un homme politique ne croit jamais ce qu’il dit, il est étonné quand il est cru sur parole”, dixit Charles De Gaule. Et à Dalaï Lama de conclure: si tu veux connaître et juger quelqu’un n’écoute pas ce qu’il dit, mais regarde plutôt ce qu’il fait.

Que doit faire le peuple et l’opposition pour défendre la démocratie et la liberté?

En fait, Sassou Nguesso est-il vraiment indéboulonnable?

Commençons par citer un illustre disparu africain, véritable démocrate et leader de l’ANC qui pendant sa lutte a dû à chaque fois, réadapter son combat en fonction des conditions imposées par l’ennemi. Nous citons Nelson Mandela: “il arrive dans la vie d’une nation ou nous ne pouvons plus choisir qu’entre deux attitudes: nous soumettre ou combattre”. Sassou se rappelle bien que sans la France, les forces armées étrangères et l’inertie de l’armée congolaise, il n’aurait jamais gagné la guerre fratricide de 1997. Aujourd’hui, les données ont changé. Désormais, il ne pourra plus compter sur une aide musclée de ces armées étrangères. L’armée burundaise et l’armée Rwandaise, ont leurs propres chats à fouetter. La lutte contre Boko Haram et les conflits en Centrafrique ont rendu l’Angola et le Tchad indifférents aux préoccupations d’un pouvoir qu’ils reconnaissent illégale et de surcroit vandale.

En réalité, le pouvoir est dans la rue. La preuve; pendant les évènements d’octobre, les régions du Niari, de la Lékoumou, de la Bouenza, du Pool pour ne citer que celles là, sont tombées entre les mains du peuple en quelques heures. Mieux, qui ne se rappelle de l’humiliation de l’armée de Sassou face à l’incursion de l’armée Angolaise il y a de cela quelques mois ? Le dictateur est conscient que sa fameuse milice tribale, malgré son arsenal militaire sophistiqué, sera incapable de faire face à une insurrection populaire ; surtout si elle est appuyée par des militaires républicains et se déroule simultanément dans toutes les régions du Congo. Un tel scénario mettra à nu son incapacité à garantir la sécurité des intérêts de ses protecteurs occidentaux. Ces derniers seront contraints de l’emmener à réviser sa position, en l’obligeant de s’assoir avec l’opposition pour organiser cette fois ci, un vrai dialogue inter congolais, pour ériger les bases d’un état de droit et de paix, seul garant de l’organisation d’elections libres et transparentes sous l’égide de la communauté internationale.

Voila ce que redoute le pouvoir. Sinon comment expliquer cette stratégie machiavélique qui consiste à davantage recruter des jeunes suivant des critères perfides pour les incorporer dans sa milice? Ces parades militaires pour dévoiler l’arsenal de répression, ces corps exhibés de certaines des victimes, n’est-il pas pour intimider les militaires républicains et terroriser les populations ? N’est-il pas enfin pour faire croire que le tyran maîtrise encore la situation et sera sans pitié pour les insoumis?

La vérité est que Sassou sait que son piège s’est refermé sur lui, car Il s’est retrouvé dans l’illégalité. Il en résulte une peur bleue conjuguée d’un endurcissement pharaonique accompagnés propablement de nuits blanches. Pourtant, en bon jusqu’au-boutiste, il lui faut réaliser un sprint contre la montre pour organiser des élections anticipées afin de redonner un peu d’éclat à son pouvoir actuellement illégitime.

Tout ce stratagème est la preuve que le régime est aux abois. Un homme d’état, de surcroît officier supérieur, fort et sûr de l’appui de son peuple, n’a pas besoin d’un tel festival et de tels comportements pour assoir son autorité devant une opposition non armée et qu’il taxe bon gré, de faible et désorganisée.

Qu’a cela ne tienne, puisque en dépit de ces intrigues, le peuple est décidé et déterminé de troquer son asservissement au profit de ses libertés et de ses droits. “Il restera ferme, pur et fidèle dans sa lutte ; car conscient qu’au bout de ses peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n’ont pas cédé”. Charles De Gaulles.

Au vu de tous ces paramètres, nous sommes persuadés que Sassou Nguesso se reconnait très affaibli sur le plan tant national qu’international. D’où la fuite en avant. En ce net moment il est donc déboulonnable et éjectable par une insurrection populaire bien organisée. Il en est conscient sans nul doute. Sinon pourquoi avoir humilié nos militaires qui sont pourtant sous ses ordres, en important à coup de milliards des mercenaires Burundais et Rwandais ? Pourtant paradoxalement la majeure partie des militaires congolais, menent des vies de misères. Pourquoi ces recrutements massifs des jeunes chômeurs par des critères scandaleux? Pourquoi faut t’il maintenant faire un clin d’oeil aux militaires en programmant des avancements. Pourquoi ces mêmes avancements injustement bloqués depuis des années trouvent solution seulement maintenant?

Pour finir, nous dirons:

Au pouvoir:

En confisquant la liberté et les droits fondamentaux du peuple congolais, vous l’avez mis dans une situation ou n’ayant plus rien à perdre, elle est devenue capable de tout.

En effet devant tant de crimes et d’injustices, il est tout à fait logique, même évident, sinon naturel, qu’un peuple, qu’une nation, puisse reconsidérer momentanément ses valeurs de civisme et humanitaires afin de les adapter à une stratégie gagnante contre un oppresseur cynique. Ayons tous l’honnêteté de reconnaître que lorsque ce peuple – que vous poussez à l’extrême – défendra sa liberté, il arrachera son dernier droit en prenant la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes par des actes imprévisibles et proportionnels à ceux de votre soldatesque.

En revanche, envoyer des jeunes, armés jusqu’aux dents, dans le but de dompter des régions en revolte serait alors irresponsable de votre part, car ce geste est d’avance voué à l’échec pour la simple raison que les cohortes seront composées en majorité de combattant de l’ethnie défendant une cause infâme et de mercenaires ignobles, rémunérés pour tuer des populations qui leur seront certainement hostiles, dans des regions dont ils ne sont pas originaires. Non, de grâce, évitez aux congolais ces sordides altercations qui ne feront qu’exacerber les divisions entre eux.

Le glas a sonné, prenez de la hauteur et ayez de la sagesse de quitter les ‘’choses’’ parce que, sans nul doute, elles vous quitteront.

Aux leader de l’opposition:

« quand le tam-tam frappe, on ne se proclame pas meilleur danseur, on le prouve ».
Sassou Nguesso a franchi plusieurs fois les différentes lignes rouges que le peuple lui avait imposé par vos voix. Seulement parce que vous, leader, avez cru qu’en étant correct avec le président Sassou Nguesso et qu’en respectant les lois de la république, il aura à son tour le bon sens d’honorer ses engagements pris devant le peuple et la communauté internationale. Cette attitude consiste comme à s’attendre à ce que le lion ne vous dévore pas, parce que vous ne l’avez pas mordu.

Dans ce conflit qui vous oppose au pouvoir, être inerte, c’est être battu. En réalité, il ne s’agit plus pour vous de clamer fièrement d’être les leader de l’opposition congolaise et d’affirmer “avoir son destin entre ses mains”. Mais il s’agit dorénavant de le confirmer par des actes héroïques et républicains.

Au peuple Congolais:

Il n’est pas toujours adroit de récriminer les actions des leaders de l’opposition qui jusque là travaillent dans un environnement politique aux conditions extrêmement difficiles assimilables à celles de la Gestapo.

François Mitterrand a dit : “un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi”. Le peuple Burkinabè n’a fait qu’appliquer à la lettre ce dicton.

“Quand injustice devient loi, la résistance est un devoir”.

Pour ce faire, Résistance et Obéissance, voilà les deux vertus qui doivent désormais nous animer.

Par l’obéissance aux mots d’ordre des leader, nous assurons l’ordre et la discipline dans notre combat; même si la vigilance et le contrôle doivent rester à l’ordre du jour.

Par la résistance nous assurons notre liberté.

Barack Obama a dit:

« le changement ne viendra pas si nous attendons une autre personne ou à un autre moment. Nous sommes ce que nous avons attendu. Nous sommes le changement que nous cherchons ».

Qui n’ose rien n’a rien.

Quant à nous,

nous sommes de ceux qui pensons que le changement, c’est concentrer toute son énergie à construire l’avenir. Cependant, lorsque l’on veut construire solide, il est mieux de le faire sur de nouvelles bases au lieu de s’obstiner de l’accomplir sur une fondation en ruine. Pour étayer notre thèse, nous ajouterons la parabole du Christ dans Mathieu 9: 16 – “personne ne met une pièce de drap neuf à un vieux vêtement, car le morceau tire sur le vêtement et il en résulte une déchirure pire – Amen.

Prenons donc tous, le courage de mettre fin à ce système ignoble que le peuple récuse, afin de commencer à construire une vraie démocratie basée sur le respect des droits et des libertés pour tous les citoyens.

aaaakin23-7860833Par Patrick Kibangou