SILENCE, ON TUE AU CONGO-BRAZZAVILLE : UN RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DANS LE SANG !
Une saison de sang au Congo, une énième, pourrait s’intituler ce documentaire hors-normes qui, en quelques trois-quarts d’heure, résume et illustre le visage du pouvoir de Sassou Nguesso, son profil foncièrement criminel, un régime despotique et criminel au cœur de l’Afrique, mais curieusement tendrement accueilli par certains pouvoirs étrangers, les pouvoirs successifs français principalement. L’enquête toute récente du journal Libération, dans trois numéros successifs, des 12, 13 et 14 janvier dernier, aide à comprendre pourquoi cette complaisance. Du moins pour ceux qui l’ignoraient ou en doutaient encore. L’autocrate congolais, qu’on connaissait déjà comme putschiste invétéré, criminel et kleptocrate compulsifs, allergique à la fois au droit, à la démocratie et à l’humanité, y est révélé comme un corrupteur agressif et de haut vol, distributeur de millions d’euros aux personnalités du monde entier, pour vainement tenter le blanchiment autant de son butin faramineux que de son pouvoir éternellement illégitime ! Édifiant, partant, au passage, sur les caractéristiques de son « initiation dès l’âge de cinq ans » par les siens selon ses propres termes chez André Bercoff ! Les Congolais en savent désormais la toxicité, ils en attendent, depuis plus de quarante ans et manifestement sans plus illusion aucune, les vertus…
Il s’installe pour la première fois au pouvoir, officiellement, en février 1979, à la suite d’un coup d’État, « sans un seul coup de fusil », aiment préciser ses thuriféraires.
Lorsqu’à la suite du fameux ‘Vent de l’Est’ de la fin des années 80 et du Sommet de la Baule initié par le président François Mitterrand, fin juin 1990, incitant à la démocratie en Afrique, est organisée la première élection présidentielle disputée du pays, l’été 1992, soit trente-deux ans après l’indépendance, les Congolais assèneront à l’autocrate congolais, idem pour son homologue Centrafricain André Kolingba, la sanction la plus sévère du nouvel ère politique : il est viré dès le premier tour, pour crimes et pillages massifs, assortis d’une incompétence caractérisée. Le Congo, gâté en ressources minières notamment, autour de 3,2 petits millions d’habitants, est alors parmi les pays les plus endettés au monde, après treize ans de pouvoir de l’illustre dictateur-cleptocrate-incompétent, ayant réussi à consommer par anticipation jusqu’à cinq ans des recettes pétrolières du pays, alors que la population végétait, la misère sévissait.
Dans ces circonstances, la présidentielle suivante de 1997 ne lui laissant aucune chance, il se fera installer au pouvoir par des forces armées et financières étrangères en octobre 1997, après avoir en vain tenté un coup d’État apocalyptique cinq mois durant, à partir du 5 juin. Résultat de l’entreprise criminelle, pas moins de dix mille morts, selon toutes les sources, y compris lui-même.
Autoproclamé président le 24 octobre 1997 en abrogeant le même jour la Constitution du 15 Mars 1992 régulièrement adoptée, après une longue transition de cinq ans, il s’auto-validera deux fois de suite par des élections truquées, en 2002 et 2009. Lorsque après ses dix-neuf ans d’exercice illégal du pouvoir, soit trente-deux ans cumulés, lui est rappelé que sa propre Constitution adoptée le 20 janvier 2002, la septième de sa grossière vie politique, limite le nombre de mandats à deux, et l’âge du candidat à 70 ans, alors qu’il en a alors 72, l’autocrate décide, avec le soutien de quelques autorités françaises carnassières et d’une élite locale corrompue et sans scrupules, d’abroger encore la Constitution en vigueur pour une nouvelle, la huitième, et briguer d’autres mandats !
Cisaillés par la misère et moultes humiliations, les Congolais se mettent alors dans la rue pour, pacifiquement, arrêter la forfaiture et trente-deux ans d’abus. Les 17 et 20 octobre 2015, le dictateur ordonne de tirer sur les manifestants, ne faisant pas moins de vingt morts et une centaine de blessés, pour UN RÉFÉRENDUM ANTI-CONSTITUTIONNEL DANS LE SANG, le 25 octobre 2015. C’est la séquence décrite et rapportée dans ce documentaire, combien poignant !
(« Présidentielles africaines : perpétuelle illusion constitutionnelle », in Revue Politique et Parlementaire, numéro 1071-1072, notre article pour une meilleure compréhension des aspects juridiques et politiques du sujet, au Congo et en Afrique).
https://blogs.mediapart.fr/felix-bankounda-mpele/blog/310123/silence-tue-au-congo-brazzaville-un-referendum-constitutionnel-dans-le-sang?fbclid=IwAR20v7l0Pg_AjkJ6ZORLkLpgNLDM5rt6qT5Ar8dRBA806j6pGtWALLKFVYY
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