Le « Soukous » un des genres de musique congolaise moderne à être reconnu internationalement est une création de Sinza Kotoko. Orchestration aux accents de musique et de danse traditionnelles « Kongo », avec comme réalisateur principal, l’inamovible guitariste solo Jacques Kimbembe « Mous ».
« Ma Loukoula »
Si l’on veut se faire une idée de ce qu’était la Rumba « Soukous » d’hier, il suffit d’écouter « Ma Loukoula ». Le dialogue raffiné des voix et des instruments : le petit côté folk, aujourd’hui disparu, n’a pas connu d’émule. Surtout dans l’importance prépondérante que représentait la basse ; et les textures rythmiques plus recherchées, plus complexes, imposant aux danseurs d’inventer de nouveaux pas.
A cette époque, tout se faisait « à la main » : pas de percussions électroniques, ni des cuivres synthétisés. Du vrai sax, comme au bon vieux temps du « Walla ». Et un bonhomme pour taper avec modulation les peaux des Tumbas. La musique typique dans toute sa jouissive splendeur. Mais, hélas ! Sinza n’est plus de ce monde, depuis les années 80.
Pour la petite histoire, 1964 nous rappelle la création de l’orchestre « Super Tumba » ; orchestre de Ouénzé qui – après Orphée Jazz – a conquis la célébrité à Brazzaville. C’est grâce à ses principaux acteurs Gabriel Dianzolo, Jacques Kimbembe, Anatole Bokassa et Hyacinthe Malonga, que l’orchestre « Super Tumba » voit le jour en 1964, au bar « Vis-à-vis » de Ouénzé, avant de devenir Sinza « Kotoko » en 1965. En 1968 arrive Pierre Mountouari qui va jouer un rôle important dans l’affermissement du groupe. Notamment avec le lancement des titres à succès comme « Veve », « Ma Loukoula », « Mavoungou »… parus aux éditions Pathé Marconi, fruit d’une équipe cohérente et solide.
1973 – Sinza Médaille d’or du 1er Festival culturel Panafricain de Tunis
Le succès le plus phénoménale de l’orchestre Sinza, est sa participation à Tunis en juin 1973 au Premier Festival culturel Panafricain de la jeunesse. Il a séduit tout un peuple, au point où malgré la présence charismatique de Tabu Ley et l’Afrisa, n’a pas empêché à Sinza d’obtenir la médaille d’or du Festival. Sinza avait réussi en refusant la facilité offerte par la vogue « Disco » et « Soum Joum », pour jouer une musique basée sur le « Soukous » tradi-moderne qui a montré que le groupe avait parfaitement assimilé les idées lancées par les chanteurs Ange Linaud Djendo et Théophile Bitsikou « Théo »,. Tous les deux avaient fait partie de la délégation congolaise.
Dans Sinza « Kotoko » de 1973, notons une parade des monstres. Le petit monde découvert et puis dirigé par le Chef Gabriel Dianzolo « Ya Gaby » : Alphonse Bahouka, Sah Lomon, Fidèle Samba, Jean Kalonga, Jacques Kimbembe, Anatole Bokassa, Hyacinthe Malonga, Luc Nkounkou, Victor Mampouya, Makosso, qui ont tous, connu, une grande notoriété sur la scène musicale congolaise.
Et puis un genre musical à part entière, le « Soukous » qui a traversé toutes les époques et tous les styles, produisant peut-être ce qu’il y a de plus créatif dans l’histoire de la musique congolaise.
Clément Ossinondé