Sommes-nous un peuple mûr?

Tribune libre de Gildas MOUTSARA

Chers compatriotes,

Toutes ces imprécations et tous ces énervements sur les claviers pour finalement se réjouir de l’arrivée d’un émissaire de l’ONU qui aurait reçu X et pas Y. La crédibilité et la légitimité de notre combat dépendrait donc des autres? Toutes ces heures passées à mobiliser sur la toile au nom de la démocratie pour finalement se réjouir de la tenue d’un dialogue avec X et pas avec X.

Quel est finalement l’objectif de cette lutte? Soutenir Paul et bannir Pierre, fruits d’un même système? Si la jeunesse congolaise pouvait un tant soit peu poser ses valises, souffler un peu pour se poser la question suivante: avons-nous vraiment besoin d’être les porteurs d’eau d’hommes et de femmes ayant déjà reçu au moins une ration de pouvoir sinon deux et qui, aujourd’hui, exhumant les mêmes méthodes de dialogues à n’en plus finir, veulent que de nos mains, nous puissions leur servir une deuxième sinon une troisième ration de pouvoir? Et comme toujours, nous, jeunes, griots acharnés et vuvuzelas à la main, qui ne savons toujours pas qui nous sommes et ce que nous voulons exactement, nous nous adonnons aveuglement à la seule tâche qui nous est reconnue jusque-là: le tri sélectif de ceux qui méritent notre soutien et de ceux qui seront honnis. Pour ma part, les choses sont désormais claires.

Avec cette énième querelle des politiques sonne l’heure de la prise de conscience par la nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques de leur responsabilité à reprendre leur destin en main en exprimant librement et clairement leur volonté de rompre avec cette position humiliante de spectateurs et d’accompagnateurs. Le bilan que nous attribuons à un seul homme est le bilan de tout un système. Il est surtout le nôtre. Notre passivité et notre militantisme fait essentiellement d’invectives à donner à notre pays les dirigeants que nous portons ou rejetons aujourd’hui. Encore le syndrome de Stockholm, diront certains. Je l’approuve. Mais l’avantage de ce syndrome est qu’il permet une perpétuelle remise en question de chacun en recherchant sans cesse sa part de responsabilité dans ce qui lui arrive. Libre à vous de limiter votre combat à la chute d’un homme.

Libre à moi de donner une nouvelle orientation à mon combat qui, j’en suis persuadée, me mènera à la genèse de mon engagement politique. Je crois que, peu importe notre bord politique, la lutte pour la libération des prisonniers politiques doit être le combat de tous et la priorité du moment. Car le respect des droits et libertés fondamentaux est le socle de toute démocratie. Exigeons d’abord la libération de tous les prisonniers politiques. Cela acquis, le dialogue regroupant toutes les filles et tous les fils du pays, sans exception, aura tout son sens.

Par ailleurs, nul n’a le droit d’exclure un citoyen d’un dialogue dont la vocation est d’apaiser et de restaurer l’unité nationale. Nul n’a le droit de s’autoproclamer « Bon » et « Digne » de confiance quand un simple coup d’œil jeté dans le passé suffit à mettre à nu ses torts. Non, je récuse une telle attitude qui nous enfonce dans des divisions qui nous ont desservies jusqu’ici. Je la récuse vraiment. Vive la République, 

Vive la Démocratie!

Gildas MOUTSARA