« Je te coupe les vivres ; toi tu me rends la vie difficile en fouillant dans ma poubelle », tel serait le leitmotiv de la guerre que se livrent Yves Castanou et Thierry Lézin Moungalla.
Ils étaient d’abord amis, juste à l’arrivée, en 2008, de Thierry Moungalla au poste de ministre des Postes et Télécommunications, avant de se brouiller. « C’est une histoire de gestion des comptes bancaires domiciliés à LCB, au nom de la défunte autorité de régulation », indique sous couvert d’anonymat, un proche des deux compères.
Pour venir à bout de son ministre de tutelle, Yves Castanou, nouvellement promu au poste de Directeur général de l’Autorité de Régulation des Postes et Communications Electroniques (ARPCE), aurait alors crié en anglais « Jesus-Christ helps me ! ». « Pourquoi ce franc-maçon veut-il me contrôler ? », se serait interrogé le pasteur affairiste Yves Castanou. Quelques temps après, argumente notre source, les choses seraient entrées dans l’ordre, surtout que Yves Castanou ne manque pas de dire à qui veut l’entendre, plus par flagornerie que par sincérité, que Sassou est son père et Antoinette sa maman. Mais le semblant de paix entre les deux hommes n’aurait duré que le temps d’une pluie. La hache de guerre ayant été déterrée suite au limogeage de Luc Missidimbanzi de la coordination du projet CAB (Central African Backbone).
En effet, Yves Castanou, selon les informations obtenues auprès des proches du dossier, envisageait de créer, en compagnie de Luc Missidimbanzi, son ami de longue date, qui travaille également à l’ARCPE, une société anonyme de gestion de la fibre optique. Mis au parfum du complot qui semblait ainsi se dessiner sur le dos de leur société, les syndicalistes de Congo-Télécom se sont ainsi révoltés en taxant, au passage, Thierry Moungalla, en bisbilles avec l’AG de Congo-Télécom (Akouala), de « saboteur ».
Sans coup férir, l’ancien Rédacteur en chef du site MWINDA et Directeur de campagne de feu le Premier-ministre André Milongo (Moungalla), prend la courageuse décision de défenestrer le coordinateur du projet CAB. Depuis ses beaux bureaux de l’immeuble ARPCE, Yves Castanou pique un soleil. Il aurait alors, confient ses collaborateurs, vociféré des mots décrient comme « vilains », en anglais et dans sa langue maternelle vili. La réaction du Directeur Général de l’ARPCE se justifierait par le fait que le projet de gestion de la fibre optique, qu’il envisageait avec son ami, devait leur rapporter des centaines de millions de FCFA voire jusqu’au milliard. Sur ces entrefaites, Yves Castanou aurait projeté de réduire au chômage son ministre de tutelle, en ayant recours à « son papa et à sa maman », auprès desquels, il bénéficierait, se console-t-il, d’une oreille attentive.
Surtout en ces temps où il a redoublé de prières très spéciales au couple présidentiel pour que le changement de la Constitution que papa Sassou projette se passe sans heurts. « Si Moungalla voit papa officiellement la journée par le biais du protocole, moi je le vois quand je veux », ainsi se serait exprimé le bruyant Directeur général de l’ARPCE, qui dit avoir pris une épouse musulmane, de nationalité nigérienne, pour s’échapper des griffes de ces petits mbochis qui ravissent les femmes aux autres.
Pour la petite histoire, ce faux pasteur, amoureux de la bonne chair en service à l’ARPCE, sur laquelle il s’abat souvent comme un goujat, se serait frotté les mains dans le cadre de la transaction immobilière qu’il a eue avec deux banques congolaises. Selon un expert proche du dossier, la construction, par le libanais Emile Hadid (proche de la première dame), du siège de l’ARPCE aurait coûté à peu près 8 milliards de FCFA (ascenseurs et mobiliers de bureaux compris). D’où vient-il que le crédit obtenu auprès du pool bancaire BGFI Bank/Eco Bank, nanti sur les recettes futures de l’Autorité de régulation se situe à 10 milliards ? S’interroge-t-il. Par simple calcul arithmétique, plus de deux milliards manquent à l’appel. Et c’est le contribuable, à travers les amendes et sanctions abusives infligées aux opérateurs MTN et AIRTEL, qui supportera l’amortissement de cette importante dette. Aïe ! Nos pasteurs !
Il n’en fallait pas plus pour qu’un article soit commandé à un confrère de la place par Yves Castanou. De son domicile sis à la rue Sibiti, à Moungali, Thierry Moungalla aurait retrouvé ses forces pour marcher sans béquilles, après un accident, en envoyant ses sbires acheté tout le lot du journal qui faisait la Une de l’arrestation de son frère cadet et DAF du ministère, Patrick Moungalla, et de sa collaboratrice, Shirley Nganga. Selon certaines indiscrétions, par souci de vengeance, suite à la foireuse affaire de création d’une société de gestion de la fibre optique, le pasteur illuminé aurait tout simplement éventré un dossier de trafic de communications dans lequel, les deux collaborateurs de Thierry Moungalla seraient impliqués.
Quelle insomnie pour le ministre ! Qui a dû se plier en quatre pour obtenir la libération de son petit frère et de sa collaboratrice. Actif sur le débat du changement de constitution afin de permettre à Sassou de rempiler à la tête du Congo, Moungalla, ainsi que le reconnait un confrère respecté qui a posté un message sur Facebook, « essuie une volée de bois vert de la part de certains collègues du Gouvernement qui le taxent d’agitateur politique ». Dans les milieux de l’Opposition, cette information a fait l’effet d’une bombe. D’autant que, le grand débatteur qu’est Thierry Moungalla s’est fourvoyé, du moins en apparence, dans une sale histoire de trafic de communications à laquelle serait mêlé son propre frère, Patrick Moungalla. Ce dernier, aux dires des membres du cabinet du ministre des Postes et Télécommunications, s’est bâti, en peu de temps, une somptueuse villa au quartier Moukondo. Patrick est très proche de son frère de ministre, c’est lui qui l’assiste dans toutes les décisions, et, est toujours de tous les voyages, jouant même parfois le rôle de conseiller spécial.
Comment donc Thierry Moungalla n’a-t-il pas pu se rendre compte à l’évidence de la pratique mafieuse qui s’était érigée en mode de financement occulte au sein de son cabinet à travers le système de trafic de communications, qui a fait perdre à l’Etat et aux opérateurs de téléphonie mobile d’importantes sommes d’argent ? Ou le ministre est incompétent, ce qui n’est pas le cas car l’homme est agile de cerveau, ou il a été complaisant à l’égard de son frère et sa collaboratrice, auquel cas il est coupable de complicité avérée, ou encore, il est totalement déconnecté des réalités qui concernent la gestion de son cabinet, ce qui est encore plus graves. Sous d’autres cieux, au lieu de se séparer de ces deux coupables, Thierry Moungalla aurait mieux fait de rendre son tablier, pas de franc-maçon de la Grande Loge du Congo (GLC), bien sûr, mais de ministre. Cette affaire tombe un peu à un mauvais moment pour le ministre engagé, à corps perdu, dans le débat sur le changement de constitution. La seule porte de sortie pour lui, car il est aussi en bisbilles avec les responsables des deux autres structures qui sont sous sa tutelle : Congo-Télécom et SOPECO.
J.C OBOUYA