Devant l’impossibilité de réviser l’article 185 de la Constitution du 20 janvier 2002, relatif entre autre à la limitation du nombre des mandats présidentiels à 2 et l’impopularité de l’idée du changement de celle-ci, le Président de la République, qui depuis le début était l’inspirateur, l’initiateur de ce vrai faux débat, ne fait plus mystère du fait qu’il veut s’éterniser au pouvoir.
Dans une interview accordée à BBC Afrique, il annonce la convocation d’un référendum pour le changement de la Constitution du 20 janvier 2002. Malgré le fait que ce projet ne fait l’objet d’aucun consensus politique. En fait, le Président compte sur son corps électoral truqué, sur sa CONEL à la solde du clan, sur l’Administration des affaires électorales corrompue, sur une Cour constitutionnelle vassalisée et sur la distribution illégale des billets de banque.
Le développement de la situation politique au Congo montre qu’il s’agit là bien d’un « passage en force », pour changer la Constitution de 2002, aux fins « d’empêcher » l’alternance politique et de permettre au Président SASSOU de briguer un « énième » mandat anticonstitutionnel, monarchiste et mourir illégalement au Pouvoir.
Toutes les manipulations de l’opinion et les intimidations des cadres qui pensent autrement le prouvent. Dans ces conditions, malgré le terrorisme d’Etat, il ne reste que la « désobéissance civile » pour barrer la route à ce projet monarchiste. Il faut des manifestations pacifiques de masses, une « défiance politique » massive et non-violence dans toutes les grandes villes du pays. Le déclic sera la prise d’acte par le Gouvernement qui annoncera officiellement la Convocation par le Président Denis SASSOU NGUESSO du référendum fantôme. C’est le déclencheur, le catalyseur de la révolte populaire. Il faudrait le savoir que, le Président n’a pas eu de consensus ni politique, ni diplomatique, ni populaire (comme en France de De Gaulle en 1948), pour engager une telle consultation du peuple. Plus grave, au plan juridique ce référendum fantôme est « illégal ». Le Président SASSOU n’a pas le droit juridiquement de convoquer un référendum pour changer la Constitution, c’est un nouveau « coup d’Etat » qu’il veut faire. Le présent propos vise à analyser et conceptualiser l’idée de la désobéissance civile, et à proposer un mode opératoire pratique à mettre en œuvre dès maintenant. De prime à bord, il faut souligner que le mouvement populaire doit être « MASSIF » et « NON VIOLENT ». Le pouvoir est près à réprimer toutes rébellions armées avec force, même à commettre un « génocide » au nom de SASSOU. Pour vaincre SASSOU, il ne faut pas utiliser les mêmes armes barbares que lui. La « désobéissance civile » est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, un acte, une organisation ou un pouvoir jugé « inique » par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique. En forçant le changement de la constitution, par la convocation du référendum « fantôme », le Président de la République et son régime sont devenus iniques et illégitimes. Le concept fut créé par l’américain Henry David Thoreau dans son essai La Désobéissance civile, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre des USA contre le Mexique.
Si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique.
La révolte classique oppose la violence à la violence. La désobéissance civile est plus subtile : elle refuse d’être complice d’un pouvoir illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération. Le principe même du pouvoir politique pourrait rendre possible l’efficacité de cette action. L’idée de la résistance à une loi injuste a existé bien avant le XIXe siècle. On peut la faire remonter au jus resistendi « droit de résistance » du Droit romain et on peut dire que La Boétie, dès le XVIe siècle, a démontré l’efficacité du procédé. Henry D. Thoreau montre dans le Discours de la servitude volontaire que le pouvoir d’un État repose entièrement sur la « coopération de la population ». Ici, on ne parle pas du peuple dans le sens de la minorité agissante ou du corps électoral réel, mais bien de la majorité silencieuse qu’il faut faire déplacer dans les manifestations, afin de « rompre » la coopération populaire. Ainsi, dès l’instant où la population « refuse d’obéir », l’État n’a plus de pouvoir. Un PEUPLE, NON UNE POPULATION, peut donc résister sans violence par la « désobéissance » et la « défiance » massive, et provoquer l’effondrement d’un État illégitime, car, disait-il, le pouvoir le plus féroce tire toute sa puissance de la « soumission » de son Peuple, alors Soyons Tous Insoumis ! Encore faut-il une prise de conscience générale et le courage des premiers militants pour que ce principe puisse être efficace. C’est principalement Gandhi en Afrique du Sud d’abord et puis en Inde, Martin Luther King aux États-Unis, Mandela en Afrique du Sud, les Mères de la Place de Mai en Argentine et la contestation du pouvoir soviétique dans les années 1980 par des savants comme Andrei SAKHAROV, l’économiste Gavril PAPOV qui ont démontré l’efficacité de la désobéissance civile ou de la défiance politique massive et non violente. Au Congo, c’est la désobéissance civile qui a conduit à la Conférence Nationale Souveraine de 1991. Les meneurs furent J.M BOKAMBA YANGOUMA avec les syndicalistes de la CSC et Bernard BAKANA KOLELAS avec le MCDDI. Le principe est utilisé aujourd’hui au sein des démocraties pour lutter contre certaines lois lorsque les militants estiment que la légalité qui dépend de la majorité et / ou d’une certaine inertie ne parviendra pas à modifier ces lois, dans notre cas à respecter « la lettre et l’esprit » de la Constitution du 20 janvier 2002. L’acte salutaire de désobéissance civile vise donc à faire reculer les autorités du moment sur leur intention « illégale », « antidémocratique » et « impopulaire » de changer notre Constitution. Le crédo de base qu’il faut divulguer est « qu’il existe depuis Octobre 1997, un apartheid clanique sans précédent au Congo Brazzaville, où une minorité clanique à tous les droits, et la majorité du Peuple n’a le droit que de les voir jouir ». Ils veulent changer la Constitution pour maintenir ce système démoniaque.
Dès que SASSOU NGUESSO annoncera la convocation de son référendum fantôme, à Brazzaville et dans tous les départements, le Peuple doit « massivement » :
1. Envahir par dizaine de milliers les mains nues le Boulevard des Armées ; 2. Envahir par dizaine de milliers les mains nues les Préfectures dans les Départements ; 3. Envahir par dizaine de milliers les mains nues l’ambassade du Congo à Paris ; 4. Venir avec tous les matériels comme pour passer la nuit à une veillée : nattes, feu de camps, cafés, draps, pains, bières, jus etc. ; 5. Organiser sur les lieux des sit-in avec musique populaire, chants, tam-tam, etc.; 6. Organiser la paralysie des villes ; 7. Boycotter les Jeux Africains, le Fespam, toutes festivités et activités gouvernementales ; 8. S’informer et communiquer par tous les moyens nécessaires ; 9. Maintenir par des comités de vigilance la discipline et le caractère non violent du Mouvement, pas de pillages, pas d’agressions sur les personnes, pas de chasse aux sorcières, n’agissons pas comme ceux que nous voulons chasser ; 10. Maintenir le Mouvement jusqu’au départ immédiat de SASSOU NGUESSO;
11. L’Armée Républicaine doit être aux côtés du Peuple Souverain. Peuple Congolais, préparons-nous pour le grand jour !
Par: Front des Démocrates – FD
Source: Zenga-Mambu.