NUIT DU POOL
Par : Jean-Claude BERI
La nuit du pool n’est pas une nuit des tribaux ou des sorciers « expression empruntée à mon frère et ami de longue date LION DE MAKANDA » Lorsqu’on ne comprend pas une action ou un projet le mieux à faire et de rapprocher de ses organisateurs afin de se renseigner du sens profond de l’action proposée.
A ma connaissance il n’ a jamais été question ici d’une action politique ou toute autre action de récupération politique c’est simplement un groupe des ressortissants de la région du POOL qui ont pris l’initiative de relever la tête à leur manière devant la barbarie humaine dont il sont souvent victime. Une idée commence toujours par un petit groupe qui la conçoit et la porte en lumière. Elle sera probablement une grande idée qui illuminera d’autres actions.
Mon frère LION DE MAKANDA j’aimerai te rappeler que nous avions connu la même chose lorsque nous avions mis en place le premier mouvement de résistance nous étions taxé des aigris des tribaux, des Lissoubistes, des sorciers. Tous les noms d’oiseaux y sont passés. Longtemps nous avions été incompris et bannis par certains Lyonnais simplement parce qu’il faut du temps pour faire accepter une idée. Le temps pour l’explication, le temps de la discussion, le temps de convaincre et enfin le temps pour l’action.
Du point de vue strict de la science, le mot tribu n’est pas seulement imprécis ; il est même faux comme le montre fort bien Maurice Godelier dans ses Trajets marxistes en Anthropologie : l’objet qu’il prétend désigner est essentiellement changeant ; les contours en sont mal définis.
A titre d’exemple, entre le IXè et le XIXè siècle, le royaume du KONGO regroupe au sein d’un unique peuple une partie des habitants du KONGO, du ZAIRE et de l’ANGOLA ; or, nous savions depuis qu’avec la colonisation française, ce grand ensemble éclate en » tribus » distinctes. Et il en va ainsi de maints autres peuples africains, le tracé des frontières actuelles les ayant fait éclater en tribus coupées de leurs filiations précoloniales, dotées de nouvelles identités artificielles, et censées s’opposer les unes aux autres, de toute nécessité. En ce sens, du point de vue de la science mon ami LION DE MAKANDA, la tribu n’existe pas comme terme réellement doté d’un sens assignable : là où l’on croit pouvoir identifier une multiplicité et une diversité de tribus, il existe en fait un même et unique peuple artificiellement divisé au gré des intérêts et frontières des colonisateurs.
Du point de vue politique le mot tribu est nocif. L’usage en est restreint aux peuples non-occidentaux, et connote un primitivisme qui serait leur spécificité pas seulement socioculturelle, mais même ontologique : liée à leur « nature présumée ». Or, cette prétendue nature est donnée pour de la » barbarie « . Et, ce que recouvre ce mot, c’est l’idée de l’absence de civilisation, la civilisation elle-même supposant la constitution d’un Etat, réalité politique abusivement posée comme étant inconnue des Africains pré coloniaux. Ce qui est une imposture, bien évidemment : le royaume KONGO pré colonial était bel et bien un Etat, et pas le seul !
SASSOU nous enferme dans ses vocables nocifs qu’il alimente régulièrement avec un savant mélange de division et d’incitation à la haine. Comme, le MBOCHIS, groupe ethnique bien spécifique ayant ses particularités intrinsèques originelles ne peut être assimilés au clan régional MBOCHIS de sassou qui n’est qu’une entité particulière.
Tout ceci pour te dire mon frère LION DE MAKANDA, la nuit du POOL n’est pas une action politique en soi . Enfin d’après ce qui m’a été dit. Donc ton énervement sur une partie des ressortissants du POOL est déplacé dans la mesure où ils sont le droit de se retrouver culturellement pour trouver les voies et moyens pour sortir de cette spirale de la violence dont est victime la région du POOL. La ou plusieurs actions politico-sociales ont échoué pourquoi pas. Laissé le choix aux ressortissants du POOL de prendre leur destins ne mains ? Où est le mal d’agir ainsi ????
C’est loin de l’extrapolation faite ici qui incrimine d’avance la NUIT du POOL comme une autre manière de remettre en selle une quelconque politique sécessionniste. C’est un faux procès indigne qui cache autre chose.
Lorsque les diasporas maliennes ou autres construisent de dispensaires ou offre des puits d’eau pour venir en aide à des populations délaissées par des politiques rétrogrades, ces actions salvatrices sont bien vues et apprécier des populations. Que les LARIS ou KONGO du POOL souhaitent se retrouver pour venir en aide d’une manière ou autre les villageois du POOL, pourquoi voulez-vous y voir autre chose que ce qui est dit ? C’est vrai, je te l’accorde le projet en encore bancal. Seulement il est encore à l’étape des frémissements C’est comme une femme enceinte qui doit patienter 9 mois pour jouir du bonheur de tenir dans ses bars son enfant.
Cette stigmatisation du LARIS devient lassante. Le LARI est un ressortissant du POOL et il a pleinement le droit de retrouver dans le cadre de la nuit du POOL. Cela n’est ni réducteur ni encore moins sectaire simplement culturel Puisqu’ils sont les premiers à avoir à cette idée pourquoi voulez-vous qu’ils n’en revendiquent pas le droit ou la paternité Demain si cette action aboutisse, ce sera pour le ressortissant de NGABE, de BOKO et autres enfants du POOL d’en bénéficier comme pour le cas des dispensaires construites au Mali qui font le bonheur des milliers de villages et autres contrées avoisinantes .
Cette idée de la nuit du POOL cherche à sortir la diaspora du POOL de cet échec à se fédérer elle-même. Elle ne doit plus se cacher en réalité de l’ambiguïté des rapports avec sa région. En effet, elles ne doivent plus s’en tenir qu’à envoyer de l’argent aux frères, sœurs et parents. Cette diaspora souhaite dépasser cet aspect pour plonger dans le vrai du sens du mot développement.
La nuit du POOL c’est le sens patriotique des ressortissants du POOL d’inventer une autre manière de penser le POOL. Pour être la locomotive du Congo, le POOL doit penser d’abord à être la locomotive pour le POOL.
Pour ceux de la BOUENZA lorsqu’on dit MOUYONDZI TRAVAILLE ET RAVITAILLE (MTR) les produits de cette action alimentent MOUYONDZI jusqu’à POINTE-NOIRE et pas seulement MOUYONDZI. Cette action est-elle politique ? Je ne pense pas …
Les mots durs utilisés par mon frère LION DE MAKANDA sont simplement incompréhensibles et peuvent être facilement traités de « DE TOUT SAUF LARIS » Or, je connais la personne ainsi que sa probité morale. C’est loin de ses intentions de vouloir du mal au POOL, comme je l’ai lu dans certains post.
La nocivité politique du mot tribu est plus manifeste aujourd’hui encore : c’est un des vocables les plus utiles par des autorités politiques du Congo. Il est posé, par eux, comme une entité chargée de tous les maléfices, une sorte d’essence soustraite aux aléas du temps et défiant les tentatives, à vrai dire supposées, d’unification des peuples, de construction nationale. C’est pour justement se démarquer de cet endoctrinement que la NUIT DU POOL trouve toute sa raison. Seulement cette essence dont seul chaque congolais aurait le privilège de maîtriser la malfaisance à condition d’agréger autour de sa personne le consensus général de la nation congolais
Donc mon frère ce n’est pas du tribalisme primaire qu’il s’agit, mais simplement d’une réflexion en construction qui peut-être servira au Congo
Ce qu’on appelle tribu est donc une invention lexicale affectée d’un import péjoratif, et asservie aux desseins colonialistes et néocolonialistes de division, d’exploitation et de domination des peuples non-occidentaux, et africains notamment. Dès lors, dira-t-on, pourquoi continuons-nous de nous servir de ce mot et de lui reconnaître un quelconque contenu ?
C’est aussi parce qu’au-delà du fait tribal historiquement changeant, il s’est développé des idéologies tribalistes qui nous incitent non seulement à valider le mot tribu que nous disons faux au plan scientifique, et le fait tribal lui -même que nous réputons imprécis, mais encore, à nous dresser les uns contre les autres, et à lire nos conflits à travers le prisme tribal justement.
Vous n’arrivez jamais à susciter un éveil nationalise sans un éveil culturel régional. Les BRETONS, la musique celtes, les Corses… sont aussi dans cet optique Ont-ils quittés la France ? Ont suscité une quelconque velléité de renverser les institutions française Je me pose la question d’où vient cette proportion à s’en prendre aux LARIS… Moi qui suis KONGO de par ma mère n’ai pas été invité à cette nuit du POOL Pourtant je n’y vois pas d’inconvénient à ce que certains congolais se retrouvent pour s’exprimer.
Et si nous cessons de tout politiser ….
Jean-Claude BERI