Lorsque la jurisprudence Sassou Nguesso fait des émules chez ses pairs africains, L’alternance démocratique risque de se conjuguer en RDC à la mode congolaise.

Sassou Nguesso a ouvert les vannes et certains de ses congénères africains, membres du syndicat des dictateurs africains, toutes hontes bues, lui ont emboité le pas.

L’inventeur de l’élection présidentielle à huis-clos, de la proclamation des résultats nuitamment, de l’encerclement et la mise en résidence surveillée de ses principaux opposants, etc., va bientôt recevoir le prix Nobel de l’innovation politique à défaut de rentrer dans le Guinness Book de la bêtise humaine et politique.

Tout part de l’élection présidentielle du 20 mars 2016. Sassou Nguesso coupe toutes les communications téléphoniques, internet et sms en prévision de sa défaite électorale annoncée.

Sachant qu’avec ses 8% de suffrages (son vrai résultat), s’il avait laissé les communications fonctionner normalement les résultats de tous les bureaux de vote allaient être sur la toile et qu’il allait être impossible de tricher à ciel ouvert et de façon éhontée.

Ayant compris le désamour auprès des congolais qui avaient soif de changement, Sassou Nguesso a anticipé, il a imposé le blackout des communications. Malgré le huis-clos, l’opposition avec la CTE mise en place par la plateforme FROCAD-IDC avait compilé et réussie à garder par devers elle les procès verbaux de ses délégués où les résultats sont clairs, net et sans bavure :

Sassou Nguesso battu dès le premier tour avec 8% seulement de suffrages se classant loin derrière Jean Marie Michel Mokoko et Guy Brice Parfait Kolelas.

Plutôt que de respecter le résultat des urnes, Sassou Nguesso a préféré forcer le passage. Il faut dire qu’il n’a jamais été homme à respecter ni sa parole et encore moins son serment de respecter la constitution. Celle de 2002, il ne l’a pas respecté, et qu’en sera-t-il de celle de 2015 ?

Chose étrange tout le monde a remarqué que le jour de sa prestation de serment au lieu d’avoir le bras levé à l’image du salut Nazi, il a préféré opter pour la main en retrait comme lors des prestations de serment des chefs d’Etats Américains. Une image qui serait passée inaperçue si elle ne nous renseigne pas du « moi » profond de l’homme.

Il ne respecte rien et donc peu importe s’il fait son salut à la Hitler ou pas pour prêter serment. Il fera ce qu’il veut. Fermons la parenthèse et revenons au brevet d’invention de notre conducator.

C’est à Idriss Deby qu’il a vendu la formule. Une formule que Deby s’est empressé de prendre avec le mode d’emploi et les accessoires. Comme sa recette avait réussi en imposant le huis-clos dans les communications, Sassou Nguesso lui a vendu aussi le chiffre : Se faire élire à 60% seulement et pas à 99%, les scores à la soviétique n’ont plus bonne presse. Adopte sauf l’heure de la proclamation aux premières heures de la matinée. Ce n’est pas grave. L’essentiel est que Sassou Nguesso a réussi à vendre clé en main sa stratégie a Deby.

Mais non loin de Brazzaville, Kinshasa avec Kabila qui veut rempiler pour un autre mandat alors que sa constitution comme celle du Congo Brazzaville interdisait à Sassou Nguesso de se représenter pour un troisième mandat.

Voila que l’ancien Gouverneur du Katanga, Moise Katumbi Chapwe a décidé un jeudi de l’ascension de se porter candidat à la présidentielle de 2016, Joseph Kabila imitant les méthodes de Sassou Nguesso a fait envoyer des jeeps et des chars encercler sa résidence. Il lui est aussi reproché un complot visant à déstabiliser les institutions de la RDC.

Comme par hasard, on trouve dans le scénario un Procureur de la République. Les services de renseignements et les hommes en treillis. Drôle de coïncidence.

C’est la même chose que le Moise Congolais, Jean Marie Michel Mokoko a vécu le jour ou il s’est déclaré candidat à la présidentielle de mars 2016.

Aujourd’hui, le général Jean Marie Michel Mokoko est asphyxié et reclus à domicile sans vivres ni eau et plus encore, sans ses médicaments. Ces jours sont donc comptés.

Au Congo Brazzaville il n’y a pas la Monusco. Moise, comme par hasard, Moise Katumbi Chapwe a réussi à repousser l’assaut des ogres sauvages des Forces de Défense de La République Démocratique du Congo, leur police-politique-répressive.

Au lieu de s’abreuver à la bonne source, Joseph Kabila et Idriss Deby ont préféré les méthodes des gangsters dont le chef de gang risque d’exporter des méthodes qui risquent de faire reculer la démocratie en Afrique et renvoyer l’alternance démocratique aux calendes Grecques.

Si on laisse faire, la jurisprudence Sassou Nguesso va prospérer et les conséquences sont celles qu’on connait : hold-up électoral, assignation à résidence, privation de liberté et des vivres des opposants André Okombi Salissa, Jean Marie Michel Mokoko pour le Congo Brazzaville et aujourd’hui Moise Katumbi Chapwe pour la RDC.

Si la communauté internationale ne bouge pas, cette expérience congolaise va devenir un exemple à suivre pour quelques apprentis dictateurs africains tapis dans l’ombre. L’Afrique serait-elle mal partie ? N’en déplaise aux afro-optimistes, l’Afrique va vraiment très mal à quelques exceptions prêts.

Patrick Eric Mampouya