« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort(…) Seule la lutte libère ». Thomas SANKARA.
C’est un truisme de le dire ; la chape de plomb qui maintenait la jeunesse congolaise dans la résignation et l’obscurantisme, donne plus que des signes de frémissements ; des béances grandeur nature. Cependant, permettez-moi un autre son de cloche : s’il ne fait aucun doute que, de mémoire d’homme et dans l’histoire de la ville de Brazzaville, jamais un meeting d’une telle envergure n’avait été organisé au Congo ; il n’en demeure pas moins vrai que les objectifs, dans l’esprit de « L’Appel de Diata », n’ont pas été atteints.
Le peuple est prêt, pas les leaders
Faut-il le rappeler, s’il en était encore besoin que l’article 26 de la Charte des Droits et Libertés adoptée à la Conférence Nationale Souveraine le 29 mai 1991, qui est considérée comme partie intégrante de la Constitution du 20 janvier 2002 indique que : « … tout citoyen congolais a le droit de résister à toute forme de dictature ou de pression » ?
En conséquence, l’annonce de l’organisation du référendum visant le maintien illégal de Sassou au pouvoir après son second et ultime mandat, appelle une réaction conforme au point 4 de « L’appel » ci-dessus cité, à savoir: les participants au Dialogue « [Appellent] le Peuple congolais à la résistance héroïque pour défendre l’ordre constitutionnel au cas où celui-ci serait violé ». L’application de « l’Appel de Diata » à la résistance pacifique, telle que lancée à Diata aurait été le point de départ légitime et légal d’une dynamique irréversible de fin de règne.
De ce qui découle, les organisateurs du « Grand meeting », auraient dû prévoir des actions de résistance susceptibles de faire vaciller le système autiste de Sassou. L’appel à la désobéissance civile à partir du lundi 28 septembre 2015 aurait été le minimal tolérable. Le peuple était prêt à accepter les sacrifices pour justifier l’exigence du changement, pour peu que les leaders eussent pris leurs responsabilités.
Leur discours, déroulé chacun selon son tempérament, ne pouvait nullement cacher leurs intentions politiques qui apparaissaient en filigrane. Chose curieuse, on avait l’impression qu’ils étaient tous frappés d’une espèce d’objurgation sur les deux aspects de l’accord du 22 août 2015 entre le FROCAD et l’IDC à savoir : le respect de la constitution et « la gouvernance électorale ».
Une rapide autopsie des discours des uns et des autres, me laisse pantois. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils mettent en exergue quelques contradictions, tirant ipso facto l’attelage à hue et à dia.
Okombi SALISSA : Son speech était l’un des plus vifs et plus accrocheur. C’est indéniable. Toutefois, ce leader n’évoque nullement sa démission du PCT, tout contrairement à son camarade, Zacharie BOWAO dont la démarche actée de ce point de vue, est aujourd’hui exemplaire. Il est toujours membre du PCT et il caresse d’en être le candidat à l’élection présidentielle après des éventuelles primaires. C’est son droit, du reste. Mais on le sait, des élections libres et transparentes en juillet 2016 seront impossibles à organiser. Les opérations relatives à la mise en place d’une commission électorale véritablement indépendante, l’organisation d’un Recensement Administratif Spécial, la révision du découpage électoral, nécessitent au minimum 10 mois. Se bat-il pour le maintien du fichier électoral mafieux actuel qui donne tout candidat du PCT gagnant ? A méditer…
Parfait KOLELAS : On ne peut pas lui faire le grief d’avoir galvanisé la foule avec sa chorale qui chantait en langue lari. Là où le bât blesse, c’est que la teneur de son discours n’était axée que sur l’exhumation de l’accord URD-PCT par le biais duquel, par principe de réciprocité, le PCT aurait une obligation morale de soutenir cette fois-ci le candidat du MCDDI. N’est-il pas antinomique de vouloir chasser Sassou et demander d’être soutenu par le parti de ce dernier ? De qui se moque-t-on ? Par ailleurs, comme Okombi, plus ou moins implicitement, il passe en silence la question de « la gouvernance électorale ».
Mathias NDZON : Il faut se rendre à l’évidence ; l’alternance démocratique qu’il appelle de ses vœux n’est plus réalisable dans les délais constitutionnels. Sassou s’est engagé dans la voie effrénée du référendum, et seule une désobéissance civile et/ou une insurrection pourraient venir à bout de ce système. Plus grave encore, Mr NDZON conseille à la foule de ne pas participer à des élections sous les conditions actuelles. Erreur ! Comme au Burkina Faso, il s’agit d’empêcher l’organisation de n’importe quel scrutin dans les conditions actuelles. Le boycott sera un pain bénit, absolument inespéré pour Sassou. Une démarche visant à empêcher la tenue des élections et celle qui incite au boycott de celles-ci, n’ont pas la même portée politique. Nuance !
Claudine MUNARI : Au regard de l’état catastrophique de l’économie congolaise, la bonne gestion et la paix qui seraient, selon elle, mises au crédit de Sassou ne sont qu’une vue de l’esprit. Même par solidarité gouvernementale, il serait erroné de penser que Sassou aurait ramené une quelconque paix. La paix des armes n’étant pas viable.
En envisageant d’aller prendre d’assaut le Ministère de l’intérieur, Tsaty MABIALA ne s’est-il pas trompé de cible, d’autant plus que la réalité du pouvoir se trouve au Palais de Sassou ?
Cet examen rapide met en relief l’inquiétant désert programmatique de nos leaders de l’opposition, notamment sur la problématique relative au « Sassou dégage ! ».
L’opposition caresse Sassou. Lui, la méprise royalement…
Comment comprendre la « trêve » politique nuitamment négociée par les officines de certains groupements politiques, reportant l’organisation du meeting prévu avant les « Jeux Africains » de Kintélé pour le 27 Septembre, alors qu’un tel évènement international aurait permis de créer le rapport de force contre cette dictature ?
Savez-vous de quelle manière, Sassou a remercié ses adversaires politiques ? Par une impudence dont il a le secret, il a marqué son immense mépris à l’égard de l’opposition, et partant du peuple ; en annonçant la tenue d’un référendum les jours à venir, sitôt les lampions des jeux éteints.
De même, en dépit de l’impressionnant raz-de marée humain qui a dégouliné, sans aguichage financier, au Boulevard Alfred Raoul pour exprimer son exaspération à l’égard d’un système qui l’a humilié, grugé, appauvri ; infatué d’arrogance, Sassou s’est tout bonnement empressé de mettre en place, le soir même une commission qui devrait plancher sur la nouvelle constitution ; commission dirigée par MOUDOUDOU, le juriste Pctiste du « NZOBI » (1).
Il est illusoire de penser un seul instant que pour l’amour de la patrie, que seuls ses sbires lui reconnaissent, Sassou reculera. Il n’en sera rien. Il croit s’en sortir du chaos politique et sécuritaire qu’il organise. Pour preuve, il a eu l’outrecuidance de supprimer les visas entre notre pays et la RDC, aux seules fins de faire rentrer des milliers des ex-Zaïrois, qu’il utilisera pour ses futurs combats politiques. Le peuple, qui a boudé les pseudos concert s organisés à coups de millions de Fcfa, le jour du meeting et qui a mis en avant son orgueil pour ne pas céder à l’opération de charme de Kiki Nguesso, avec sa ridicule trouvaille « des permis de conduire » ; ce peuple, disais-je, ne se laissera plus abuser par ces vendeurs d’illusions.
Tout le monde a dû constater avec amertume que Sassou n’a jamais fait état des conclusions du « Dialogue alternatif de Diata », lesquelles concluions lui étaient pourtant adressées pour prise en compte. Cette attitude hautaine et méprisante est le propre des dictateurs.
Le peuple, à travers les partis politiques et la société civile, ne doit plus dormir sur ses lauriers. Il doit capitaliser l’élan né ce dimanche, pour porter définitivement l’estocade au dictateur Dénis Sassou Nguesso.
Tel un automate destiné à la mort, Sassou déroule son programme suicidaire. On a une étrange impression qu’après s’être amusé avec les comptes de la Nation et posé des actes aux antipodes de ses engagements électoraux, son destin, comme celui de ceux qui continuent de l’accompagner dans sa folle cavalcade, est tout tracé.
Aucun système politique n’est vacciné contre un soulèvement populaire, surtout si les autocrates foulent aux pieds les règles d’alternance politique inscrite sur du marbre, dans une constitution validée par tout un peuple, donnant ainsi l’impression que les libertés fondamentales et une qualité de vie décente ne seront jamais une réalité. Les arcanes de l’histoire sont jonchés d’innombrables dictatures, même les plus féroces ont été finalement vaincues par la volonté populaire. A cet égard, aucune armée ne peut garantir à un dictateur quel qu’il soit, de ne pas subir le sort inéluctable qui est réservé à ses semblables, un jour prochain.
Djess dia Moungouansi « La plume du Congo-Libre »
Ce Professeur agrégé de droit en « Nzobi » est rentré dans « le palmarès du ridicule » en affirmant sans vergogne sur les antennes de RFI, que le Nzobi serait au-dessus du droit.