La longue marche de l’histoire du Congo n’a pas démarré aujourd’hui pour prétendre remettre en cause une unité séculaire incarnée par des siècles de cohabitation des peuples qui façonne  la nation congolaise. Le Congo d’aujourd’hui est l’héritier des siècles d’échanges entre les peuples kongo, Mbochi, Téké,  Louango,  etc (…).

De mémoire les grands bouleversements contemporains, les grands changements historiques se sont produits  toujours lorsque les peuples vont au devant  contre vent et marée à l’encontre de l’ordre ancien établi. Comme les élans de libération finissent toujours par se mettre au travers des bas instincts de conservation du pouvoir envers et contre tous. Les exemples se comptent par milliers pour témoigner que par  la détermination, la foi, les sacrifices et l’engagement tout  peuple assujetti se rebelle pour exiger son émancipation par le triomphe de la démocratie et le règne de la raison.

A s’y méprendre, le Congo est une cocotte minute qui finira un jour par exploser

Aussi vrai que la légitimité est au-dessus de la légalité, aussi juste que l’éthique précède le droit, qu’il soit entendu de partout que les congolaises  et les congolais désirent ardemment l’avènement de la démocratie dans leur pays, et ils sont en lutte pour mettre fin au règne d’une oligarchie clanique qui étend ses tentacules de père en fils en confisquant le destin collectif de tout un peuple. Parfois en utilisant des stratagèmes inhumains en dressant les uns contre les autres. Ils exigent la vraie démocratie non plus le rafistolage du moment.

Ce qui vient de se passer à Bangui (Centrafrique) ne surprend que ceux qui veulent être surpris ou qui refusent de regarder la vérité en face. Dès lors que le pouvoir devient monolithique en bafouant les règles démocratiques de fonctionnement de l’Etat, que la richesse y est trop inégalement répartie, parce que le progrès social n’évolue pas au même rythme que le progrès économique, la prise en main des congolais de leur destin est plus que prévisible. Le grognement de colère se fait de plus en pressant.

Nul  besoin de refaire ici l’histoire pour rappeler le combat séculaire des peuples pour l’émancipation. Que seraient devenues les Etats-Unis d’Amérique sans le désir farouche d’affranchissement du peuple forçant l’élite à se distancer des lois scélérates imposées depuis Londres par la monarchie britannique ? Que serait la France aujourd’hui sans l’impulsion de la Révolution Française qui avait mis fin à l’Ancien Régime? Plus proche de nous (africains) que serait l’Afrique du sud sans l’abnégation d’un Nelson Mandela et avec le soutien de la majorité active et silencieuse du peuple sud-africain pour combattre l’apartheid? Un peuple transcendé par le courage,  la volonté de lutter pour la reconquête de sa dignité humaine est une force inébranlable. Une belle leçon universelle et respectable preuve que la manipulation ne peut résister durablement contre le réveil des consciences.

Ainsi doit-on s’interroger comment un peuple qui vaincu l’illettrisme dans les années  70-80 peut-il se retrouver au bas de l’échelle avec un taux d’alphabétisation au bas fond des estimations possibles ? Un peuple qui a vaincu le monopartisme et proclamer son désir démocratique peut-il s’accommoder  à des gouvernants politiques qui affectionnent des hold-ups électoraux, des viols systématiques de la démocratie, la corruption et surtout aux velléités de modification constitutionnelle absurde… ?

Comment les congolais se laissent-ils berner par la constance des dirigeants cupides  dont les seuls crédits à leur compte sont l’imposture, le pillage, le mensonge et l’incompétence comme mode de gouvernement ? Comment les congolais sont-ils tombés dans l’attentisme primant l’autoritarisme, l’arbitraire, la médiocratie, l’affairisme illégal, la répression, le bafouement des droits humains… ? Comment le peuple congolais se contente-il à ramasser les miettes en guise de mamelles nourricières les maintenant en vie face à l’oligarchie clanique, insatiable et incapable de supporter toute apparence de contradiction qui s’est accaparé de tout ?

C’est à toutes ces questions qui minent aujourd’hui la société congolaise que le réveil des consciences s’opère suscitant la prise en main de leur destin. Ce combat est un processus cardinal et retentissant, un appel de la dignité humaine universellement partagée, un appel à l’éthique républicaine, un appel au changement. Si l’on veut le changement, il faut que ce soit le peuple qui décide de se prendre en charge. Son destin est entre ses mains. Pour cela, il faut qu’il dénonce les échecs d’une politique de tromperie comme modèle des rapports entre les congolais. Car la mauvaise gouvernance par le non respect des règles démocratiques engendre l’instabilité politique. Quoi qu’en disent les gouvernants actuels, le clan Sassou conduit le Congo sur une voie à s’y méprendre mènerait inéluctablement le peuple à se déchirer et à  se soulever violemment.

L’éveil d’une nouvelle génération jusqu’alors « apolitique » est la preuve d’une prise de conscience majeure qui gagne sans cesse les citoyens congolais. Au fond, les congolais se posent, de manière sereine, la question suivante : La situation actuelle du pays exige t-elle un changement profond ?

Il n’est point besoin d’être académicien pour s’en rendre compte que la détérioration du tissu social congolais est plus qu’alarmant. Le besoin du changement se pose donc avec acuité. Il faut changer les habitudes, les idées en particulier renouveler cette classe politique qui dans un élan d’interchangeabilité a reproduit les mêmes erreurs. L’opposition actuelle est difficilement crédible parce que bons nombres de ses membres ont servi ou continuent à mettre les pieds à l’étrier à l’actuelle fossoyeuse classe dirigeante. Certains sont même prêts à se donner en spectacle au prochain dîner des cons appelé concertation. Il est clair que l’opposition comme la classe au pouvoir ne pourront pas arriver à crédibiliser une nouvelle concertation si l’on exclut toute cette nouvelle génération de cadres qui œuvre depuis des années à redynamiser le pays.

Mettre un terme à l’inégalité de répartition des richesses

Monseigneur Louis Portella, président de la Conférence épiscopale du Congo, nous rappelle que « cette richesse qui nous vient du Créateur ne [doit] pas [être] une malédiction ou une cause de malheur, mais, au contraire, [doit offrir] à tous de meilleures conditions de vie. Et l’Église pour sa part ne cessera d’apporter sa contribution à un tel objectif, en exerçant sa fonction de « guetteur » (Ezéchiel, 3, 17) »

Sans vouloir se positionner en donneur de leçons, on est cependant en droit de s’interroger sur ce qui est devenue monnaie courante au Congo-Brazzaville l’enrichissement scandaleux de certains politiques et membres du clan au pouvoir. Quel impact réel qu’a bien pu avoir une telle politique de pillage  tant sur les structures économiques, sanitaires que sociales et surtout d’essayer d’apprécier de quelle manière elle a pu contribuer à détériorer le quotidien des populations. Ce qui saute aux yeux et qui caractérise depuis une dizaine d’années c’est cette pyramide inversée en ayant des individus qui prennent les décisions en lieu et place des institutions habilitées. D’où la présence de ce mécanisme suicidaire d’un système autoritaire teinté en parti unique en lieu d’un système démocratique tournée vers une transition économique réellement administrée et accentuée vers une économie de marché. On se trouve, alors face à un pays qui est riche en ressources mais qui pourtant s’appauvrisse chaque année malgré l’abondance des ressources. La conséquence, notre société accumule chaque jour les signes de perdition.

Trafics d’influences, commerces illicites, malversations, paradis fiscaux, sociétés offshore, corruption… malgré les discours réformateurs sans contenus que nous chantent les responsables politiques congolais actuels le virus de la mafia est bel et bien installé au sommet de l’Etat congolais érigé de surcroît en méthode de gouvernance politique. Le système économique et financier instauré par nos politiques au pouvoir s’accommode  fort bien avec des comportements « mafieux » observés. Une « corruption scientifique » est entretenue au sommet de l’Etat. Absence de volonté, excès de zèle, laisser-aller, l’administration congolaise est devenue un gigantesque défouloir de tout. C’est une société congolaise fragmentée en mal d’ambition collective qui se dessine chaque jour en creusant progressivement une atmosphère soupçonneuse et désarmante. Le constat est alarmant et très inquiétant. Cette situation, connue de tous,  provoque aujourd’hui un sentiment de repli sur soi, une volonté manifeste de se protéger de l’autre avec en toile de fond un sentiment sous-jacent d’injustice Ces maux et anti-valeurs qui s’enracinent au sein de la société congolaise ne cessent de prendre de l’ampleur et inquiètent toute conscience humaine. Ces antivaleurs reprennent leur place de choix dans le processus de destruction du pays et constituent le plus grand ingrédient contributeur au sous-développement du Congo. Ainsi le Congo est séquestré économiquement par une bande de mafieux organisée en pilleurs sans vergogne Les derniers événements en date prouvent à suffisance que l’argent du peuple appartiennent à un clan. (1)

L’une des réponses est sans aucun doute dans l’émergence de responsables ayant le souci d’incarner un lien entre la tradition et la modernité, dans la recherche du bien commun. L’exercice est certes délicat, tant la réalité culturelle congolaise est subtile et complexe. Pour mettre un terme aux inégalités dans la répartition des richesses et à la montée d’une crise sociale il est urgent que des mesures soient prises. Il faut que les dirigeants congolais de demain  s’engagent à relever les grands défis de l’avenir sur lesquels reposera la capacité à promouvoir et encourager de nouveaux talents économiques, administratifs et sociaux, des compétences qui accepteront d’être évaluées sur ce qu’elles feront et qui, bien sûr, accepteront de s’engager dans la durée sur de grands projets.

Les congolais doivent ressaisir le destin du Congo pour mettre un terme à la gabegie ambiante et lutter contre ce que nous appelons les cinq fléaux de la république : le chômage, la gabegie financière,  la chute du pouvoir d’achat, les déficits et la dette. Se prendre en main c’est aussi savoir dire NON à l’enlisement social,  NON  à l’appauvrissement,  NON à la fuite des activités,  NON aux compromissions , NON aux privilèges excessifs et indus, NON à l’illettrisme, NON à l’argent roi et  enfin NON à  l’affaiblissement de nos institutions. Peuple congolais,  le moment est venu de s’approprier votre destin  et de montrer votre attachement à la devise «UNITÉ-TRAVAIL-PROGRÈS » : Unité pour toutes les filles et fils du pays pour rebâtir ensemble une nation prospère et solidaire, Travail pour reconquérir notre dignité par l’effort au travail en prônant l’exemplarité, Progrès pour assurer notre avenir dans une nation démocratique tournée vers le développement.

Lutter contre l’insalubrité dans nos villes

Nos villes où l’insalubrité galopante humilie sans cesse les congolais que nous sommes. Faut-il s’en prendre à ceux qui se livrent à dépeindre notre capitale, ou encore faut-il encourager cette critique? Pourtant la réalité voudrait que l’on soit sincère avec nous-mêmes, comme nous l’avons dénoncé dans nos précédents articles. (2)

Faut-il laisser  nos villes s’enfoncer de plus belle dans ce tourbillon de dégout vomitif et répulsif ? Non, la sagesse voudrait que l’on se serre les coudes et multiplier les propositions pour encourager une vraie prise de conscience et un sursaut patriotique pour sauver nos villes et les sortir de l’insalubrité. A tous les échelons où nous nous trouvons, le congolais devrait se sentir concerner par cette tragédie honteuse, dégueulasse sortie droit des bennes à ordures   que traversent nos villes. Sommes-nous fiers, que des frères africains, aujourd’hui, parlent de nos villes  avec cet air dédaigneux ? Devrons-nous nous contenter de dire que le Maire est responsable de cette situation et croiser les bras ?  Ne serait-il pas plus salutaire d’initier les esquisses de solutions pouvant servir de canevas aux responsables municipaux défaillants pour engager un réel processus de campagne de salubrité publique de grande ampleur avec des défis bien précis à relever .

Au-delà du fait de dénoncer un gouvernement  qui multiplie les échecs et les choix irresponsables de politique municipale et de nomination des maires, les congolais doivent prendre conscience qu’il faille se prendre en main dès aujourd’hui. Dans nos actions, nous devons inciter les congolais au progrès.  Cela passe par accepter nos propres faiblesses. Mais au-delà de ça ce qu’il faut remettre en cause, c’est un mode de fonctionnement dans lequel on a tous une part de responsabilité, un mode de fonctionnement qui a conduit au fiasco démocratique et économique  que nous connaissons. Mais il faut le faire sans chercher immédiatement à vouloir couper les têtes, à se lancer dans une vendetta. Le but, c’est d’essayer de faire évoluer le système pour que ça marche mieux. Il faut tirer des leçons et essayer de faire en sorte que cela ne se reproduise pas. On ne peut pas se contenter de dire que les voleurs, les pilleurs, les corrupteurs ce sont ceux d’en face, alors que nous développons en notre sein des mécanismes de réclusions très critiquables. Combattre la pauvreté et la misère nécessite, certes des moyens, mais bien plus une volonté solidaire de faire chemin ensemble. Quand allons-nous enterrer  cette hache de guerre déterrée il y a treize ans? Combien de victimes allons-nous déplorer encore pour qu’enfin arriver à comprendre que le Congo tout entier à besoin de tous ses fils et filles pour relever le défi du développement ?

Notre démarche citoyenne  vise à atteindre un  objectif de démocratie tournée vers le développement comme élément central de toute action. Elle  s’inscrit, comme nous ne cessons de le faire,  dans un but de susciter des interrogations et à faire germer des idées pragmatiques conduisant à l’éclosion d’une conscience nationale, avant de faire vibrer la fibre patriotique qui est en chacun de nous et nous faire rêver ensemble une modernité républicaine basée sur la culture de l’excellence et de l’intégrité. Ainsi nous proclamons haut et fort peuple congolais debout assume ton destin au lieu de le subir.

Jean-Claude BERI, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

(1)     – Denis Sassou Nguesso : Son pouvoir affairiste crucifie et ruine les chances de développement du Congo,

Le règne sulfureux des 4 amazones sur l’économie congolaise,

Le département de la cuvette, caverne d’Ali Baba du « Chemin d’avenir »

(2)     – Brazzaville, victime des choix pervers de son maire

CONGO-BRAZZAVILLE : Les toilettes publiques, l’incivisme et le péril fécal.

Une pollution sous silence, les populations victimes et exposées.