Quatre ministres dans le collimateur de Denis Sassou Nguesso en 2012.

Beaucoup diront qu’il était temps que l’autorité et la discipline soient de retour dans un gouvernement assimilable à une cour de récréation digne d’une école maternelle. Les ministres des gouvernements successifs de la république durant ces quinze dernières années avaient pris l’habitude de céder à la tentation du m’enfoutisme comme si l’exercice de leurs fonctions n’avait aucun caractère hautement responsable. Durant quinze ans les accumulateurs des erreurs parfois impardonnables ont été commises, graves, des manquements à l’exercice de leur fonction ont été relevés, pourtant, il se trouve que beaucoup de ces ministres y sont encore au gouvernement actuellement. On nous fait état aujourd’hui que Denis Sassou Nguesso a adressé, presque dans un état colérique indescriptible, une sévère mise au point à ses ministres lors de sa dernière réunion de conseil de ministres. Ce pic de colère serait dû aux conclusions négatives qui lui parviennent face à la gestion chaotique de son projet phare « chemin d’avenir ». Il y a lieu de se demander si ce dernier est amnésique, ou si c’est son cabinet qui serait incompétent ou pire encore si ce serait une diversion à l’approche des élections législatives de juin 2012 ?

Les ministres du « chemin d’avenir » travaillent au rabais

En tout cas, la situation est de plus en tendue entre le chef et les membres de son gouvernement. Denis Sassou Nguesso s’insurge contre ce qu’on aurait qualifié de la pente du déclin, de l’affaissement et l’abaissement du crédit de notre pays. Ce serait presque un parallèle entre le chaos et la descente aux enfers. Pourtant dans son message du début de l’année, l’optimiste légendaire de l’homme du 5 février battait son plein. Balayant toutes les statistiques contradictoires et se fiant qu’à celles qui lui ont été fournies par son équipe rapprochée. Denis Sassou Nguesso donnait l’impression de la maîtrise, du contrôle de son action et surtout du suivi de son programme présidentiel. Pourtant, il a suffit que de quelques jours pour que la réalité lui plombe la vue. Ce dernier découvre que le chômage hautement élevé des jeunes qui n’hésitent plus à crier leur colère. C’est un fossé qui se creuse même dans son propre camp. Les sillons du chômage ne choisissent pas. Les petits esclaves du système, les jeunes obscurs de l’ombre, ne connaissent ni de région, ni de parti encore moins de démocratie. Au regard de l’opulence des filles et fils du président, des ministres, des députés, des sénateurs  des cadres du pays, la souffrance est tellement inhumaine et n’est plus tolérable. La montée des actes de corruption ayant gangréné toute la vie politique et économique du pays sont aujourd’hui des tares mais pourtant qui sont de plus en plus activées sans aucune crainte de possible sanction.Brazzaville et Pointe-Noire ne cessent d’allonger la liste d’arrondissements insalubres, impropres, apparaît en plein 21e siècle comme une ville moyenâgeuse. Bref au regard du rapport transmis à Denis Sassou Nguesso par cette société d’expertise suisse, spécialiste dans l’environnement, l’économie et la gestion des crises sociales met en avant le risque d’explosion d’un pays divisé par le fossé des injustices sociales et de la pauvreté.Denis Sassou Nguesso semble découvrir un pays au bord de la faillite, dans un état très critique sur le plan social et économique. Piqué au vif, le voilà parti dans un rappel à l’ordre, selon les observateurs, musclé en particulier envers les Ministre de la Santé et de la population, M. Georges Moyen, du commerce et de l’approvisionnement  Claudine Munari, de l’Enseignement supérieur, Monsieur Ange-Antoine ABENA  et enfin  du Ministre de l’énergie et de l’hydraulique, M. Henri Ossébi. Tous ont été vivement mais fermement priés de mettre en exécution les mesures prises par le gouvernement, en particulier l’application du décret interdisant l’utilisation des sacs plastiques, l’accès à l’eau et l’électricité pour tous congolais en particulier dans les grandes villes, l’amélioration de l’accueil, des soins et des infrastructures sanitaires et enfin rendre effectif rapidement la revalorisation des bourses estudiantines.La lenteur de l’application de ses mesures déjà votées et le financement engagé ne se justifient pas. Comme à l’accoutumée, ces ministres cités ci-dessus s’empressent de faire des déclarations en guise de mesures sans au préalable une pédagogie envers les populations. C’est le cas du Ministre du commerce et d’approvisionnement, qui a envoyé son directeur de cabinet, André Kamba à l’antenne de la télé déclarer : « Nous avons laissé passer un délai de six mois pour sensibiliser la communauté nationale sur le danger du plastique. Je crois que tout le monde est conscient de la situation de notre ville. Nous en appelons au civisme de chacun d’entre nous, ce n’est pas seulement l’affaire des autorités. Nous avons besoin d’une ville et d’un pays propre car, les opérateurs économiques ont déjà mis sur les marchés les sachets et sacs biodégradables ».

Ce sujet sensible et préoccupant pour la santé des congolais ne doit pas être traité comme un vulgaire kleenex qu’on utilise et jeter après usage. Conscientiser les opérateurs économiques est une bonne chose, mais il est plus urgent d’encourager et de financer les artisans congolais à produire des sacs congolais respectant l’environnement.  Comme par exemple, les sacs en tissus  pour les produits non alimentaires, les sacs en liane pour les produits alimentaires. L’objectif de cette mesure n’est pas seulement de rendre la ville propre, de débarrasser nos quartiers de ces déchets polluants, mais aussi d’innover dans la création d’autres emplois. Le manque de connaissance sur le sujet se traduit par ces mesures que les populations soupçonnent déjà d’encourager d’autres acteurs véreux de s’en servir pour mettre sur le marché des produits aux coûts exorbitants qui empêcheraient les populations de respecter la loi. Il ne s’agit pas d’interdire pour interdire mais de bâtir une politique environnementale durable, viable et équitable pour les populations. Toutefois, c’est un pas en avant que notre association DAC  encourage, mais le chemin à parcourir  reste long.

Denis Sassou Nguesso s’insurge que Brazzaville et Pointe-Noire soient toujours en proie à un phénomène intempestif de délestage. Il vient d’octroyer une nouvelle rallonge de 95 milliards de francs CFA consacrés à l’investissement pour amélioration des infrastructures et la distribution de l’électricité. La SNE qui vient de se doter d’un budget de 142 milliards F.CFA en 2012  a été sommée de réduire les effets pervers de sa politique de distribution et de fournisseur d’électricité. Il a été clairement signifié au Ministre en charge de ce département que 2012 est une année de résultat, année de l’énergie. Les incompétents n’auront plus d’excuse que celle de laisser la place aux plus méritants. Le gouvernement n’a jamais autant investit sur un secteur, comme nous l’avons fait pour l’eau et l’électricité, il nous faut maintenant récolter les bénéfices de cet investissement et satisfaire les congolais.

Lasser de se faire rappeler l’ordre par la Banque Mondiale, l’UNESCO et autres organismes éducatifs, M. SASSOU a pris à bras le cœur le dossier de l’éducation congolaise en perte de vitesse depuis 15 ans. Il a été rappelé au Ministre de l’Enseignement supérieur, Monsieur Ange-Antoine ABENA, l’importance d’appliquer à la lettre le décret autorisant la revalorisation des bourses d’études des jeunes congolais. Il met en garde le ministre des agissements, connus dans le passé où les sommes destinées aux bourses étudiantes se retrouvaient  dans les poches des cadres et responsables du ministère. Ou encore, les étudiants devraient attendre plusieurs mois pour percevoir une bourse qui était logiquement virée en temps réel par le trésor public. Au delà de la volonté de vouloir résoudre l’épineux problème de la vie sociale dégradante des étudiants, il faut aussi reformer le personnel qui a pris des habitudes de dilapidateurs des fonds destinés au suivi et à l’encadrement des étudiants. Premier test le 31 Janvier 2012. Nous y reviendrons.

Lorsqu’on est admis au CHU de Brazzaville, c’est pour effectuer un voyage outre-tombe

Enfin, La santé, une des priorités des priorités du « chemin d’avenir » s’est soldée à ce jour comme le chemin de la croix pour les malades congolais. Pour bien décrire cette réalité referons-nous à cet adage qui court aujourd’hui dans las rues de Brazzaville: « On sait de quoi on souffre quand on rentre au CHU, mais on ne sait pas avec quoi, ni comment on y ressort ». Pire encore, « lorsqu’on est admis au CHU de Brazzaville, c’est pour effectuer un voyage outre-tombe».  Depuis 15 ans le centre hospitalier universitaire de Brazzaville s’est transformé du centre de soin de pointe en un mouroir en plein air. Ce n’est pas faute de médecins, ni par manque de vocation, mais c’est tout simplement dû à une politique dégradante de non investissement dans les infrastructures. A cela, il faut ajouter l’incompétence de certains cadres administratifs de cet ensemble médical, tous suspectés de détournement de fonds destinés à la réfection et au renouvellement des équipements ont fini par faire de cet édifice le réservoir de malades malheureusement transformés en des zombies ambulants.
Pourtant les investissements colossaux ont été consentis pour améliorer cet ensemble hospitalier, le plus grand du pays, mais aussi le plus dangereux. Le Ministre de la Santé et de la population, M. Georges MOYEN a 11 mois pour redresser la barre et redonner au CHU une notoriété médicale et apporter des soins appropriés aux congolais.

Au regard de ce qui précède, on aura tendance à croire que Denis Sassou Nguesso est enfin sorti de son amnésique légendaire lorsqu’il s’agit des questions de développement socio-économique du Congo. Nous croyons pour notre part que le Congo a un besoin absolu de tourner la page sur la manière dont il a été gouverné depuis 15 ans avec un parti hégémonique qui a encouragé la corruption, le pillage et l’incompétence. Ce parti a perdu un grand nombre des valeurs élémentaires que les congolais  exigent dans leur propre vie. Mr SASSOU ne s’attaque pas au plus grand fléau du pays qui est la corruption parce que ses plus grands fidèles y sont tous mouillés. En à beau débloquer les milliards et des milliards  pour relancer l’investissement et le développement du pays, mais tant que les hommes qui sont appelés à animer les départements à rénover  seront ceux-là mêmes sur lesquels pèsent les plus graves accusations de corruption, aucune mesure ne serait crédible. Depuis 15 ans le plus grand nombre des congolais vivent en deçà du seuil de pauvreté, cela n’a jamais ému Denis Sassou Nguesso. Le voir aujourd’hui sortir de sa torpeur ne peut surprendre que quelques partisans à la mémoire si courte. 2012, avec les élections qui pointent à l’horizon, la situation politique catastrophique, la guéguerre au sein du PCT, la montée des tensions sociales, bref tous les ingrédients sont réunis pour dénoncer un pouvoir qui a lamentablement échoué. Alors nous disons, oui pour recadrer tes ministres,  oui pour dénoncer les anti-valeurs mais surtout oui pour vous REFORMER et conduire le pays vers une vraie paix.  Cela est possible avec une organisation crédible et démocratique de la concertation politique nationale. Le recadrage, ce n’est pas seulement des coups de colère envers les ministres, c’est également établir l’égalité entre les congolais. L’égalité: c’est permettre à tous les congolais de se soigner décemment et non seulement à cette classe de riches que vous avez créé qui s’envole vers d’autres cieux pour se soigner. L’égalité: c’est permettre à tous les congolais d’être embauchés selon les compétences et non en fonction de l’appartenance régionale. L’égalité: c’est permettre à tous les congolais de faire confiance à la justice et non craindre à chaque fois d’être victime de cette justice à deux vitesses mise en place par vos soins. L’égalité: c’est d’offrir à chaque congolais le droit d’apprendre. Le recadrage c’est cela, rendre tous les congolais égaux.  Que vos filles et fils, que vos ministres, que votre famille, que votre clan ne soient pas au dessus des congolais, ni encore moins au dessus des lois.

DAC