« Nos dirigeants volent parce que nous les laissons voler, s’ils sont systématiquement rappelés à l’ordre par des mesures coercitives d’alternance politique beaucoup réfléchiraient à deux fois avant de transformer la chose publique en une propriété personnelle. »

Bonjour Monsieur le secrétaire Général, le premier tour des élections vient de s’achever quelles sont vos premières impressions ?

Bonjour et Merci pour cette nouvelle opportunité que vous m’accordiez. Je ne sais s’il y a des gens qui s’attendaient à autre chose que ce qui se passe, c’est-à-dire un forcing à outrance du pouvoir pour imposer partout les membres du PCT comme député. Ce n’est plus ou moins qu’un rassemblement de valet de Monsieur SASSOU et de quelques pseudo-opposants serviables à merci qu’on veut monter pour constituer une assemblée des « aboyeurs » répercutant une politique nuisible que le peuple ne cesse de rejeter. Vous avez dû le remarquer que dans certaines circonscriptions les tensions sont palpables. Dans d’autres on y note des irrégularités flagrantes souvent occasionnées par les membres du PCT. Cela va du bourrage des urnes, du changement du lieu de vote sans concertation avec la CONEL, de la mise en place intempestifs des sites parfois installés dans la rue, de la multiplication des cartes frauduleuses d’électeurs ne résident pas dans les circonscriptions désignées et parfois dont la nationalité congolaise est remise en cause. Tous ces ingrédients réunis, dans des démocraties saines, conduiraient sans aucun doute à l’annulation de ces élections. L’exemple de VINDZA témoigne bien du rejet de la population de la politique du parachutage des membres du clan. Ce n’est pas forcément un problème d’appartenance ethnique qui est en cause ici mais celui des hommes politiques en totale décalage avec la réalité. Ces hommes dont l’objectif est la course à l’enrichissement personnels sont désavoués par le peuple. Comment pouvez-vous comprendre au lendemain des explosions du 4 mars, le pays manquait cruellement des ambulances et pendant la campagne c’était devenu les dons à la mode chez certains candidats PCT ? Pensez-vous que le peuple congolais est naïf à ce point pour croire que ces candidats ont subitement les moyens pendant les campagnes pour offrir pour certains des millions, faire des promesses pharamineuses et démunis l’instant d’après pour faire exécuter des projets consistant à améliorer les conditions d’existences des citoyens ? Au nom de l’argent, l’impunité a trouvé ses lettres de noblesse en détruisant progressivement tous nos repères moraux. De cette manière les politiques ont réussi à faire croire à notre population que la vie commune n’est meilleure qu’en détruisant l’autre.

Que faire dans ce cas ?

Ce ne sont certainement pas les propositions de solutions qui manquent. Notre pays a un déficit cuisant d’exemplarité au sommet de l’état. Nous ne sommes pas seulement gangrénés par la cupidité, le régionalisme, le favoritisme clanique des hommes censés animés et faire vivre la chose publique, nous sommes aussi victime de notre passivité. Le repli sur soi étant devenu la règle. On ne se pose plus les vraies questions avant d’élire un député. A quand une éducation à l’honnêteté dans notre pays, ou la probité, la sagesse, le respect, la contestation, la manifestation et l’exemplarité seront des critères à considérer ? Tout ce qui fait la grandeur d’un homme politique est relégué au second plan.Il manque aujourd’hui aux acteurs politiques congolais cette dimension morale, c’est-à-dire la volonté ou le souci de prendre en charge le destin collectif et populaire avec tous les effets liés dont le principal est la transcendance du destin collectif : un pays demeure, seuls les hommes passent. Certains diront qu’ils vaudraient tous les sanctionnés, peut-être mais cela suffira t – il à mettre enfin le Congo sur les rails du développement ? Ce serait à mon sens réfuter aussi nos propres lacunes. Lorsque les politiques détournent leurs actions par des actes d’assistanats du genre distribution de billet de banque, des gadgets etc. avons-nous réagit dans le sens de leur démontrer que nous n’étions pas des objets à vendre ou a acheter ? Combien d’entre nous ont interpellés un candidat sur son programme ? On s’accroche à l’homme politique pour avoir des miettes. Nous devons être les acteurs de notre avenir en agissant pleinement en faveur du processus de démocratisation de la vie publique. Commençons par adopter nous même le sens de responsabilité politique qu’on a en droit d’attendre de nos gouvernants. Ceci en acceptant la confrontation d’idées, de dialoguer avec les adversaires politiques qui ne sont pas nos ennemis mais une composante nécessaire à l’aboutissement d’une société démocratique saine et respectueuse de nos propres valeurs. Nos dirigeants volent parce que nous les laissons voler, s’ils sont systématiquement rappelés à l’ordre par des mesures coercitives d’alternance politique beaucoup réfléchiraient à deux fois avant de transformer la chose publique en une propriété personnelle. Pour ce faire,  transcendons notre peur pour affronter l’adversité et combattre le règne de l’argent et de la médiocrité.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Au regard des informations qui nous parviennent, je serais proche de dire que l’avenir s’assombrit un peu plus chaque jour si on laisse s’installer l’hégémonie politique et clanique du PCT. Il semblerait que certains partis de la majorité présidentielle, sauf PCT, des candidats indépendants et des partis d’opposition seraient solidaires pour déclarer que les élections se sont déroulées dans un climat généralisé de massacre électoral. J’apprends aussi que les résultats de Gamboma sont contestés de part d’autre et un officier supérieur en l’occurrence le colonel Nianga Mbouala aurait décidé de publier des résultats non reconnus par les représentants de la CONEL. Des contestations sont enregistrées dans plusieurs circonscriptions du pays cela montre que ces élections ne correspondent pas à la volonté du peuple. Ce dernier vient de donner un cinglant désaveu en s’abstenant d’aller voter à plus de 85 %. C’est dire que notre salut ne viendra que par la reconnaissance de l’effort par le travail de chacun loin du favoritisme ambiant qui prévaut actuellement.

Nous invitons les Congolaises et les Congolais de se mettre au travail. Le travail de moralisation, de conscientisation afin  de combattre cette politique de médiocrité qui annihile tous nos efforts. Œuvrer pour l’après SASSOU dans un processus de revalorisations des compétences et de la mise en place des projets de développement porteur tel est notre objectif. De cette manière nous lutterons ensemble contre l’idée qui ferait du Congo une propriété des uns en brimant les autres. Le temps est venu de combattre l’injustice, l’arbitraire, le pillage et de penser à DEVELOPPER AUTREMENT LE CONGO, notre pays.

Réalisé le 17 /07/2012

Patrick MOUNZEO

Membre du DAC (SG)