« Le Congo est un pays pourtant riche mais inégalitaire ou la guerre de succession engagée aujourd’hui n’augure rien de bon pour le Congo de demain. » JCB
Il ne fait plus aucun doute que la fortune du clan SASSOU dépasserait largement le budget annuel de l’état congolais. Les chiffres les plus affolants sont parfois avancés pour décrire ce qu’est devenue une course au siphonnage de l’économie congolaise. Depuis l’année 2000 jusqu’à nos jours, les enfants gâtés du clan montrent leurs crocs et font mains basses en toute impunité sur le patrimoine national et ce sans exception sur toutes les richesses potentielles du pays. Cela va de l’acquisition des biens et sociétés aux voyages en jet privé et aux folles nuits de jouissance décadentes. Mais aujourd’hui cette nébuleuse lasse de s’enrichir illicitement gangrène le pouvoir politique et militaire en mettant gravement en danger l’avenir de la république.
Plus aucune structure économique, militaire et stratégique ne serait épargnée de l’emprise abusive et dominatrice des membres du clan SASSOU. Tout est fait pour noyer dans la corruption et l’affiliation à une idéologique hégémonique envers un groupuscule d’individus aux ambitions confiscatoire du pouvoir. Les analyses des observateurs étrangers qui examinent le cas du Congo, donnent froid dans le dos sur l’avenir de ce pays de un peu plus de 4 millions d’habitants. Détrompez-vous, c’est loin de la rancune régionaliste ou encore du «colon nostalgique». C’est simplement la manifestation d’une interrogation crue et logique : Comment expliquer cette dichotomie entre les immenses richesses dont dispose le Congo-Brazzaville, et le « mal-vie » et « mal-être » de sa population ?
Au moment où l’on parle des enjeux principaux mondiaux: l’énergie, la défense stratégique et la mondialisation, le Congo brille par une politique incohérente et hasardeuse du développement du pays. Actuellement l’économie congolaise est tenue par l’énergie précisément le pétrole. Tous les experts mondialement reconnus sont unanimes à reconnaître que d’ici 20 à 30 ans, cette ressource sera rare et excessivement chère. Que fait la classe familiale au pouvoir pour pallier à cette inévitable réalité ? On se déchire pour la succession du maître. D’aucuns préfèrent envoyer près de cent (100) flics à Paris pour suivre les faits et gestes de DZON Mathias, les uns dissèquent les congolais en parcelle de comité de soutien pour s’accaparer la mairie de Brazzaville. D’autres rivalisent dans le positionnement à des postes clés de leurs partisans pour le contrôle futur du pouvoir. Ce qu’on ne vous dit pas c’est que cela coûte des milliards de FR CFA inutilement et injustement sortis des caisses de l’état au détriment d’une politique de création d’emploi dont le chômage est le premier fléau du pays. « Selon les associations spécialisées sur la question, le chômage des jeunes dans la capitale économique est lié à plusieurs facteurs : le non-respect de la législation du travail par certaines entreprises ; de mauvaises pratiques de recrutement; les difficultés pour les centres de formation professionnelle de placer les étudiants en stage ; la non-application de la loi par certaines administrations publiques ; l’accès limité des jeunes au marché du travail; et l’inexistence d’une politique locale de l’emploi dans la ville. (Office nationale de l’emploi et de la main d’œuvre : ONEMO) »
Lorsqu’on constate que la première revendication des pseudos députés de l’assemblée est la revalorisation de leur prime, on est loin d’une assemblée républicaine. Comme si les 3 millions et un peu plus de Fr CFA qui leurs sont alloués seraient insuffisants quand on sait que le pétrole représente 79% des recettes d’exportation du pays, dont 80% sont accaparés par 1% de la population repartis entre les mains d’une portion d’individu ayant pris l’état en otage. Seulement se posent-ils les questions cruciales qui risqueraient de condamner le pays en 2030, lorsque le pétrole se fera rare et que le prix du baril tournerait autour de 130 dollars ? Au contraire, ils prient pour que l’on retrouve d’autres gisements et permettre aux enfants du clan de se faire à nouveau la belle dans des investissements inutiles, farfelus, comme les hôtels privés, des résidences secondaires par dizaines dans des pays a fort taux de taxation immobilière, des voitures de luxes….
Pour ces membres du Clan, le pétrole ne comporte aucun enjeu stratégique : A part celui de pomper et de vendre. Les sommes récoltées prennent une double direction : garnir les comptes des membres de la famille clanique et les coffres des marchands d’arme asiatique , cubain et russe engagés dans la pérennisation d’un pouvoir moribond. Mais penser à réinvestir dans les politiques de développement alternatif au pétrole est très loin de leurs préoccupations immédiates. La culture politique clanique en vogue au Congo se caractérise par des réflexes autoritaires qui laissent peu de place à une vision du future ni encore moins à l’écoute des opinions contraires. Animé d’un complexe hautement supérieur du moi, il n’admet ni contradiction ni contradicteur. La corruption aussi bien économique que morale qui gangrène tous les compartiments de la société politique et civile congolaise, résulte en partie de cette singulière culture politique à relent familiale ou clanique, et en partie de la manne pétrolière qui dispense de l’effort de réflexion, de planification et d’anticipation pour prévenir des lendemains difficiles. Les échecs accumulés de la municipalisation accélérée en témoignent.
Le constat est clair l’argent du pétrole congolais est « volé ou mal utilisé », dénonce Obiageli Ezekwesili, ex-vice présidente chargée de l’Afrique à la Banque mondiale actuellement à la tête d’un centre d’expertise pour le développement de politiques économiques en Afrique (Africa Economic Policy Development Initiative) sous l’égide de la fondation Open Society.
Quand à la défense stratégique et militaire, l’état de déliquescence des Forces Armées Congolaise est du reste si préoccupant que n’importe quel mouvement armé disposant de quelques pick-up et de Kalachnikov serait capable de les mettre en déroute en moins d’une semaine. Ce qui est arrivé au Mali peut facilement se produire au Congo tant que la situation de la défense nationale serait confondue à une sécurisation du pouvoir par une armée à coloration clanique. Ne pas l’admettre serait faire preuve d’une cécité incurable.
La tragique situation du 4 Mars 2012 a mis en lumière les graves dysfonctionnements au sommet du commandement montrant clairement qu’a la place d’une armée républicaine on a une armée clanique ne se mobilisant que pour défendre le pouvoir d’une élite à la solde du clan délaissant le peuple à une dérive indescriptible. Pourtant, des milliards de francs CFA issus de la manne pétrolière qui sont déboursées chaque année pour, comme ils voudraient nous le faire croire, la défense et la sécurité nationale ne sont nullement investis dans cette action. Notre armée ne dispose, par exemple, quasiment pas d’un système de défense équipé de missiles anti-aériens modernes. Elle fait encore recours aux canons antiaériens. L’on peut aisément se demander a quoi servent ces missions militaires à répétition composées des généraux et colonels sillonnant le monde entier pour acheter, dirait-on, de l’équipement moderne destinés à sécuriser notre pays ? Que ramènent-ils ? Des armes de protection et de répression intérieure à la place des armes de guerre pour une défense intelligente, comme si le Congo était en guerre contre lui-même. Et comment ne pas être surpris de voir ces mêmes officiers se transformant subitement en hommes d’affaires ?
Naïvement, ces mêmes officiers claniques pensent que la défense nationale passe par la prolifération des soldats à leur solde sans une formation stratégique capable de les permettre de défendre la nation en cas d’attaque extérieur. Ne serait-il pas temps d’envisager de transformer et redéfinir les missions de ces officiers (dont 90 % sont issus des régions proches du pouvoir ou des partisans pistonnés) en des militaires scientifiques aseptisés de toutes déontologies claniques et qui seraient capables de s’investir dans la recherche et le développement d’une armée de défense républicaine ? Cela serait semble t-il un rêve pour bons nombres de congolais de croire en cette hypothèse? Laissons-nous emporter par ce rêve. Puisse qu’il soit une réalité demain. Ça c’est une autre histoire.
On nous parle aujourd’hui de récompenser le général OKOï en le nommant probablement Chef d’Etat major. Cette récompense est due pour avoir servi un homme mais pas la république. Quelle aberration ! 80% de nos généraux ont obtenus leur promotion pour avoir persécutés une population qu’ils sont censés protéger.
On dit aujourd’hui qu’il faut s’ouvrir au monde pour ne pas se laisser distancer par les bienfaits du développement moderne. Cette notion est réceptionnée par les politiques congolais de façon mécanique en appliquant naïvement les arguments venus d’ailleurs. Il ne faut pas se voiler la face, cette forme de mondialisation que les congolais applique avec excès face à la Chine n’est plus ou moins qu’une forme moderne de perpétuation de l’inégalité économique. La chine n’est au Congo que pour pérenniser son nouvel statut de puissance mondiale en s’assurant les sources d’approvisionnement en biens et ressources leur permettraient de maintenir leur niveau de vie. Très récemment « Hui Liangyu vice premier ministre chinois en séjour à Brazzaville a fait tourner la planche à billets du pays de Mao pour des investissements évalués à plus de 800 milliards au Congo. Au total, sept accords ont été signés: le mémorandum sur le financement de la construction des quartiers sinistrés pour un coût de 520 milliards F CFA, la convention de financement du projet de couverture nationale en télécommunications phase III évalué à 35 milliards 573 millions 722 mille F CFA, la convention de crédit individuel relatif au projet de la route Okoyo-frontière Gabon, pour un montant de 39 milliards 985 millions 165 mille 792FCFA. La convention relative au projet de construction des logements sociaux au Mont Mambou s’élève à 36 milliards 238 millions 783 mille 880 F CFA, l’accord de coopération économique et technique concernant l’octroi au Congo d’un prêt sans intérêt de 4 milliards 800 millions F CFA et enfin l’accord de coopération économique et technique relatif à l’octroi au Congo d’un don de 4 milliards 800 millions F CFA. Ces conventions paraphées par Hui Liangyu et Denis Sassou Nguesso permettent aux chinois de participer activement au programme national de développement économique et social mis en place au Congo. »
Ce qu’on ne nous dit pas c’est que le Congo vient de condamner les générations futures à rembourser une dette de plus de 1000 milliards en 20 ans hors intérêts. Pourtant la navette de l’exportation des barils du pétrole ne s’est jamais estompée. A qui profite cette manne ?
Pour réellement mettre les pieds dans le plat dans cette politique de mondialisation, il faut que les congolais aient un plan cohérent de développement économique et d’indépendance. Il ne s’agit pas de changer de partenaire dès lors que les affinités politiques divergent, comme c’est le cas du Congo et la France. L’économie doit obéir à des règles d’indépendance et d’autonomie stricte autrement nous ne serviront que d’entité de pays consommateur où seront déversés tous les produits fabriqués par les pays nantis. C’est le cas actuellement ou la grande partie de notre consommation alimentaire provient de l’extérieur et ou l’ Etat est incapable de maîtriser la flambée des prix des denrées de premières nécessités. Ainsi notre peuple serait maintenu sous perfusion alimentaire par l’extérieur et a un avenir incertain.
Ce qu’il faut retenir des ces observations est qu’il faut que les congolais prennent conscience de la nécessité de mutualiser nos forces, de l’analyse, de l’anticipation et surtout de la mise en place de politique de stratégie de développement alternatif.
Cette dernière étudiera notre capacité d’adaptation afin de répondre à l’appel de la coexistence avec les autres nations. Celle-ci étant toujours basée sur un rapport de force, il est nécessaire que les congolais de génie soient placés là ou il faut pour défendre l’identité créatrice congolaise. La mauvaise gestion des ressources et des compétences décriée depuis tant d’année renforçant l’autoritarisme politique et la corruption annihilent toute émergence de l’intelligence économique et l’esprit inventif. On ne le dira jamais assez que les maux comme le népotisme, le clientélisme, la cooptation des cadres et des élites politiques et économiques du pays érigés au sommet de l’état marginalise les compétences éclairées, celles qui auraient pu gérer le politique et l’économique de manière réfléchie.
Notre respect et l’accès au développement ne sauront jamais acquises par cette politique de pistonnage, de positionnement, de cloisonnement clanique, de favoritisme mais bien par l’utilisation de façon intelligente de notre génie créateur mettant en valeur notre savoir faire. S’arcbouter, après la France, derrière la Chine aujourd’hui est loin d’être la meilleure solution pour inventer congolais pour les congolais et pour la survie du Congo de demain.
Au regard de la situation actuelle, on est très loin du compte. Nos administrateurs et fonctionnaires sont plus obnubilés par la course à l’enrichissement personnel. Cela rend inexistant et inefficace toute politique de stratégie de développement alternatif au Pétrole. Ce gâchis est encouragé par la manifestation des leaders politiques qui utilisent la manne pétrolière à des fins purement d’hégémonie et de pouvoir clanique. Le Congo est un pays pourtant riche mais inégalitaire ou la guerre de succession engagée aujourd’hui n’augure rien de bon pour le Congo de demain. L’association richesse et pouvoir se servant de la manne pétrolière se fige sur des personnes dont l’exemplarité est très douteuse. Leurs obéissances aveugles aux injonctions des chefs de clans crucifient l’avenir du pays. Et ceci pour longtemps si les congolais ne se réveillent pas de cette léthargie.
Jean-Claude BERI : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.