adjani2-300x179-3056663Par :   Jean-Claude BERI

Depuis quelques années, la musique moderne congolaise a vu progressivement sa musique tradi-moderne marqué de son empreinte les fêtes et soirées d’anniversaires. Sur les devants des scènes, le MOUTOUNTA, danse traditionnelle BEMBE fait figure d’exception.

Mouyondzi ne se limite plus à travailler et ravitailler, il fait aussi danser.

Sorti des chantiers pollués de la politique, MOUYONDZI veut rassembler les Congolais sur la musique tradi-traditonnelle moderne en vulgarisant ce qui était une danse demeurée réservée aux initiées en le rendant public et à la portée de tous publics d’où ils viennent. LE MOUTOUNTA a la conquête du Congo. Depuis plusieurs groupes de jeunes, se sont lancés dans cette opération culturelle pas si facile que ça.

Cela paraissait naturel, dans la continuité de ce qu’ils savent faire, de ce qu’ils sont. Ils n’ont pas pris brutalement conscience de leur talent inestimable. Ils ont cette identité du pays de MOUYONDZI en eux, qui se transmet inconsciemment de génération en génération et sans doute que ce talent qui sommeillait dans un coin de leur tête et leur rein ne demandait qu’à être réveillée.

Ce qui les anime le plus c’est de progresser en chercher à aller de l’avant naturellement en approfondissant l’art et la musique BEMBE en nous intéressant plus à l’histoire de notre région, nos particularismes culturels…Bref faire connaître MOUYONDZI, chose faite…..
Ayant très vite pris conscience que la tradition BEMBE était fragilisée et en net recul et qu’il leur fallait trouver une solution pour la redynamiser et la faire valoir. Pour continuer d’exister, plusieurs groupes folkloriques ont vu le jour et se lancent dans une sorte de reconquête de leur passé que l’on tente d’effacer de leur avenir.

Chacun à sa manière, dans un style qui valorise le MOUTOUNTA, la danse traditionnelle BEMBE apporte sa modeste pierre à l’édifice afin que la musique tradi-moderne BEMBE puisse continuer d’exister. C’est aussi leur manière de faire un joli doigt d’honneur à la globalisation culturelle mondiale qui tend à vouloir imposer une culture globalisée. C’est ce refus d’être un pion dans un monde qui se détruit à petit feu, que le MOUTOUNTA se réveille et revendique son existence.

Le MOUTOUNTA a conquis aujourd’hui la plus part des adeptes de la musique traditionnelle. Même si la langue est souffrante, la culture BEMBE est partout, dans la gastronomie, dans la viticulture qui occupe une part importante, les noms des gens dont ces groupes tradi-moderne florissant partout en font l’écho d’une culture qui refuse de mourir. Beaucoup de jeunes de notre génération n’en ont pas conscience, pourtant, ils sont l’incarnation d’une révèle parfaite du BEMBE moderne de par leur façon d’être, de parler, d’agir. Le nouveau BEMBE est né, il n’a plus de danser le MOUTOUNTA dans les grandes capitales du monde. PARIS, QUEBEC, LONDRES, NEW-YORK, BRUXELLES, vibrent aujourd’hui au son du MOUTOUNTA. Et ce, malgré les difficultés administratives et financières imposées par une politique culturelle inégalitaires. Seulement la machine MOUTOUNTA est en marche et rien ne l’arrentera.

Très hétérogène, le MOUNTOUTA est ouvert à toutes les cultures. Les similitudes de notre culture congolaise font que cette musique-tradi-moderne se joue devant tout public averti et non averti. Pour exécuter quelques pas du MOUTOUNTA on n’est pas obligé de connaître la langue, les chants. Les sons endiablés vous entrainent facilement dans un courant de successions de pas qui vous sortiront forcement de votre torpeur pour se lancer sur la piste. Le côté festif entraine forcement le public dans une symbiose d’extase dont le point d’unité demeure le plaisir partagé. C’est ça le MOUTOUNTA, ce n’est que la danse par la danse pour le plaisir de l’esprit.

Il est à noter au-delà de la musique, LE MOUTOUNTA est un réservoir culturel qui va delà de nos espérances. Cela passe de l’accueil très chaleureux de la part du public à la distillation des messages éducatifs. Beaucoup de respect, de pudeur, d’intelligence et d’ingéniosité dans la vie de tous les jours sont des thèmes souvent abordés dans les chansons dont certains qualifient injustement de vulgaires.

C’est dire que les BEMBES sont un grand peuple, dévoué, respectueux, très méticuleux et organisé, c’était un honneur pour nous de pouvoir les côtoyer tous les jours. Ils nous ont offert beaucoup de cadeaux qui ont égayé notre esprit critique. Ils nous ont traités comme si on était des gens connus, ce qui n’est certainement pas le cas. Sans avoir joué la moindre note, on était déjà là à exécuter quelques pas de MOUTOUNTA comme des professionnels.

img_4963-241x300-6399384Jean-Claude BERI