Par : Laurent DZABA
Depuis plus d’une décennie, l’opposition congolaise n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme sur la situation déliquescente du pays, s’attirant l’ironie des tenants du pouvoir qui lui ont toujours reproché son alarmisme de mauvais aloi et sa manie à travestir la réalité. Aujourd’hui, ce qui paraissait aux yeux des observateurs comme un simple diagnostic catastrophique de la situation nationale est décrite par les institutions financières internationales comme un gouffre effroyable qui nécessite un remède de cheval et une mobilisation de tous les citoyens.
Après 40 ans passés dans les allées du pouvoir et aux commandes de la République du Congo, le Président Denis Sassou Nguesso est comme toujours au centre des débats et des polémiques. Même après le tableau noir et peu élogieux brossé par le FMI, certains de ses fanatiques et soutiens continuent de défense son bilan qui serait globalement positif à leurs yeux alors que la majorité des congolais estiment qu’il est à l’origine de la situation économique et sociale désastreuse dans lequel se trouve le pays. Il suffit de poser la question sur le fonctionnement des institutions aux badauds qui déambulent dans les rues des centres urbains pour s’en rendre compte. Si hier Denis Sassou Nguesso était la cible préférée de ceux qui plaident pour une nouvelle gouvernance et une gestion efficiente des ressources du pays, l’arrivée dans le marigot politique de celui qui se fait appeler « Muana Ndéya », change la donne politique.
Denis Christel Sassou Nguesso est un citoyen congolais et a bel et bien le droit de se présenter à la magistrature suprême. C’est pour cela qu’il faut dénoncer le comportement mesquin ceux qui essayent de tirer sur la fibre nationaliste afin de jouer les trouble-fêtes et mettre hors-jeu un citoyen qui aurait un projet pour son pays. Il faut aussi reconnaitre que c’est très flatteur de voir un compatriote aussi jeune, avoir l’ambition de diriger notre cher et beau pays. Mais, Denis Christel Sassou Nguesso n’est pas n’importe qui. Il n’est rien d’autre qu’un arriviste politique qui n’a rien prouvé à ce jour et qui est le principal représentant d’une classe d’affairistes zélés nouvellement créée son père et Président Denis Sassou Nguesso, qui tente à travers des tours de passe-passe, de remplacer les vieilles méthodes de gestion opaque des ressources, par une arnaque douce qui repose sur l’achat de conscience, les combines obscures et l’ascension sociale à marche forcée d’un cercle d’amis. Cependant, jouer la carte de la virginité politique : quand on a géré le pétrole dans un pays où la pauvreté a atteint des sommets inégalés et dans lequel la marginalisation et l’exclusion déshumanisent peu à peu toute la société ; quand on est le principal profiteur de la corruption et trésorier en chef des 2 fonds destinés aux générations futures ; quand on est craint et pouponné à coût de milliards par le Trésor Public pour jouer un personnage généreux, cela est terriblement indécent.
C’est pour répondre à cette fausse générosité et ce faux altruisme que Pascal Tsaty Mabiala, chef de l’opposition politique congolaise a tancé vertement le Premier Ministre Clément Mouamba lors de la séance de questions au gouvernement, en affirmant : « Si j’étais premier ministre comme vous, je devrais demander à Christel Sassou Nguesso qui est fonctionnaire, dites-moi d’où vous tirer vos revenus et votre fortune au moment où l’on parle effectivement de la transparence. Vous avez peur de vous attaquer réellement à la corruption et vous tourner autour du pot » et de continuer « dans tous les pays du monde, un fonctionnaire, quel que soit son patronyme, doit justifier ce qu’il fait. Vous êtes donc complice du détournement des deniers publics ». Alors que nombreux militants croyaient que cette sortie médiatique devait réconforter une opposition qui brille par ses contradictions internes et son manque de maestria, certains de ses représentants se sont malheureusement illustrés par des critiques acerbes contre le leader de l’UPADS. Souffrez que Pascal Tsaty Mabiala ait eu le courage de dire tout haut ce qui se dit tout bas dans la classe politique et dans tous les quartiers populaires. A l’exception de ceux qui se sont engagés en politique simplement pour leur opposition à Denis Sassou Nguesso et qui arrêteront leurs activités politiques avec le départ de ce dernier, il n’y a pas de raison de ne pas critiquer Denis Christel Sassou Nguesso qui est un acteur politique qui étend ses tentacules dans le Congo profond. Profiter de l’avantage que donne les réseaux sociaux pour jouer les leaders virtuels et dénigrer ceux qui se battent, jour après jour sur le terrain, cela est complètement irresponsable. Quelque soit la forme de notre engagement politique, notre but ultime doit être celui de la défense des valeurs comme l’égalité des citoyens, la justice sociale, le respect des hommes et de leur environnement, la capacité donnée à chacun d’être acteur de son quotidien etc ….
La défense à la carte des valeurs et de l’attachement à la République de la part de ceux qui pensent avoir le monopole de la raison, de la critique, de la défense des citoyens et de l’amour de la patrie ne grandit pas ces intolérants, simplement parce que la vie de la nation c’est l’affaire de tous. Cette vision étriquée de la démocratie qui veut que certains n’aient pas le droit de représenter ou de parler au nom du peuple n’est pas acceptable. Ce lent déclin de l’esprit démocratique ou de la culture démocratique pourrait à terme être un frein pour l’alternance au Congo. Si la démocratie est restée naine et que les congolais ne soient plus maîtres de leur destin, c’est en partie parce que l’opposition manque de sérieux. Admettez chers censeurs de la pensée qu’il y’ait des oppositions au Congo. Denis Sassou Nguesso n’est pas le Congo et le Congo survivra à Denis Sassou Nguesso.
Loin de moi l’idée de minorer son implication dans la situation actuelle du Congo car il est le principal responsable de la corruption, la pauvreté et la fracture sociale, mais de grâce, ne faites pas de lui l’alpha et l’oméga de la vie politique car un Sassou Nguesso peut en cacher un autre, mais aussi engendrer d’autres clones.
Laurent DZABA
Laurent DZABA
Ingénieur Numérique, Innovation & Intelligence Artificielle
Diplômé en Monnaie et Finances
Membre de l’Association française pour l’intelligence artificielle (AFIA)