Le paysage politique congolais est tenu en haleine depuis cette sortie fracassante de l’enfant terrible de Bacongo. Décidément, Bacongo reste le centre névralgique des bouleversements politiques qui secouent  le Congo depuis les années 1970. Comme le disait si bien DALLA GRAILLE « celui qui maîtrise Bacongo maîtrise le Congo ! ».

Cette réputation de population insoumise et incontrôlable ne leur sert pas toujours à bon escient. D’aucun croit qu’il s’agit là que d’une agitation d’un enfant gâté. Quelques soubresauts pour secouer la torpeur d’un paysage politique sclérosée et suspendue au changement ou pas de la constitution. Serait-ce une révolte de ministre ou d’un chantage mesquin ? Il n’en fallait pas plus pour que le microcosme politique congolais ne frémisse et monte au créneau. D’autres diraient,  avec un élan de zèle de complexe,  que ceux qui connaissent bien le peuple du Pool savent bien que dans leurs gènes, la soumission, la domination, la privation sont des éléments déclencheurs d’un mécontentement appelant à une riposte adéquate. Les précurseurs de cette culture comme MATSOUA ANDRE, YOULOU, MASSAMBA DEBAT, KINGANGA, KOLELA … Seulement depuis quand l’agitation en politique suffit-elle à en combler les vides et a produire de la croissance ? Brice Parfait KOLELA n’est que le fruit des pères de ses pères. Cette annonce n’est pas le fruit du hasard. C’est la conséquence d’une longue période de frustration et de dénigrement au sein d’une coalition dont il ne servait que de tremplin comme beaucoup d’autres qui ne tarderont pas également à couper le rubicond. On ne peut s’empêcher de penser que ces cris d’orfraie d’un ministre prétendument contrarié viennent tout de même bien tard pour qu’on n’y sente pas les effluves d’un opportunisme de circonstances, à l’orée des présidentielles se profilant à l’horizon 2016 Comment pourrait-elle l’être autrement ? Le PCT s’attribuant tous les bons rôles et tous les leviers du pouvoir vient  de réaliser que même en politique vouloir être trop gourmand nuit à la cohésion. Les résultats des dernières élections ont fini par faire sortir de son mutisme Brice Parfait Kolela et autres partis satellites de cette fameuse majorité qui s’effrite à peu a peu. Touché de pleins fouets par ce pied de nez , l’enfant de Total  BPK se refuse de sacrifier encore plus longtemps sur l’autel d’un accord biaisé qui tienne plus de la pitrerie vétilleuse que de l’intégrité politique. BPK tient aujourd’hui à sauver ce qui reste des fondements même de ce qu’est la structure MCDDI dans son identité, son organisation et son projet politique. Cette déchirure éclate maintenant en pleine lumière au sein d’une majorité présidentielle dont l’assise politique est de plus en plus étroite et surtout ayant à la tête un président désavoué. Il ne s’agit plus aujourd’hui de simples alliances de pouvoir. Les Congolais sentent bien que nous sommes arrivés au bout d’un système clanique dépravant et que désormais il nous faut répondre à des questions redoutables auxquelles nous avons trop longtemps refusé de répondre par manque de courage politique.

Si les préoccupations de Brice Parfait KOLELA sont de cette nature, sa participation au gouvernement ne peut plus durer et il doit avoir le courage et l’honnêteté de s’en aller, de prendre date et de participer à la création d’une nouvelle perspective politique pour notre pays. Comme le disait si bien Jean-Pierre Chevènement je cite « Un ministre ça ferme se gueule où ça démissionne »

Si ce n’est pas le cas, alors il eut mieux valu que BPK se taise. Le Congo ne peut plus se permettre de vaines alliances politiques destinées juste à enfumer les Congolais. Le discrédit qui atteint aujourd’hui la politique est lourd de menaces et de conséquences . Il y faut du courage et de la lucidité pour y faire face.

Mon petit doigt me dit  c’est encore une posture politique teintée d’hypocrisie.  Je n’ose pas croire que les Congolais puissent prêter attention à ces pantomimes.

Toutefois, on peut se permettre  de rêver que c’est le moment,  pour BPK,  de donner un sens à votre combat surtout celui de votre père qui malgré ses errements et trahisons de dernières minutes aurait été le résistant le plus célèbre du Congo. BPK tu  as ton destin entre tes mains. Ou tu choisis d’être l’éternel valet, chien de chasse et traite pour tes frères en servant un homme dont l’histoire ne retiendra de lui que ces crimes abominables. Cette vérité, tu la dois au peuple congolais en mémoire de ton père. . « La vérité est-ce dont il faut se débarrasser au plus vite et la refiler à quelqu’un d’autre. Comme la maladie, c’est la seule façon d’en guérir. Celui qui garde en main la vérité a perdu. » Jean Baudrillard (1929-2007)

Mais si tu te dérobes de cette vérité, tu rejailliras à jamais l’opprobre sur le patronyme que tu portes. Tu resteras éternellement le politicien qui n’était préoccupé que par  sa survie immédiate, laissant échapper quelques quolibets a la foule en liesse se masturbant en prenant comme argent comptant le mot d’un homme qui hésite d’aller jusqu’au bout de sa logique.

Jean-Claude BERI